Moody’s note le Cameroun B2

L’agence de notation Moody’s a accordé sa première note au Cameroun le 5 août dernier : « B2 » pour ses obligations en monnaie locale et en devises étrangères.

Cette notation a été émise à l’initiative de l’agence même, et non des autorités camerounaises. Elle appartient à la catégorie des obligations « hautement spéculatives », ce qui correspond à la note « B » que Standard & Poor’s et Fitch Ratings ont déjà attribué au Cameroun. La note de Moody’s est rendue publique à peine un an après l’émission par le Cameroun de son premier emprunt obligataire international de 750 milliards de dollars sur 10 ans.

Moody’s note dans son rapport que le pays reste particulièrement vulnérable aux chocs pétroliers puisque le secteur représente 50% de ses exportations et quasi un quart de ses recettes fiscales. Pour autant, la croissance camerounaise affiche des perspectives stables et un bon potentiel puisqu’elle s’est maintenue en 2015 à +5,8% contre +5,9% en 2014.

La note pourrait être revue à la hausse si la croissance nationale s’avère plus forte que prévue, que les revenus augmentent ou encore que l’endettement national évolue modérément. Mais certains facteurs pourraient au contraire faire baisser cette notation. La dette du secteur public devrait grimper à 34,3% du PIB en 2016 contre 22,3% en 2014 et seulement 9,7% en 2008 à cause des investissements gouvernementaux. Aussi, le Cameroun reste exposé à la menace de Boko Haram, laquelle pourrait entrainer une dégradation de la situation sécuritaire.

La Libye veut relancer ses exportations pétrolières

Le gouvernement libyen d’union nationale (GNA) tente désespérément de relancer les exportations de pétrole du pays pour relancer une économie nationale à l’agonie. Si la Libye possède les plus importantes réserves pétrolières en Afrique (estimées à 48 milliards de barils), c’est aussi le pays de l’OPEP qui produit actuellement le moins de pétrole.

La production de pétrole brut a été divisée par cinq depuis 2010, passant de quelques 1,5 million de barils par jour à seulement 300 000. Les revenus pétroliers du pays ont également fondu passant de 45 à 50 milliards de dollars en 2010 à maximum 4 milliards cette année.

La grande majorité des terminaux pétroliers libyens sur la Méditerranée sont bloqués depuis des années par la milice des Gardes des installations pétrolières (GIP) qui défient régulièrement le pouvoir. Le blocus génère une perte de 30 millions de dollars par jour au pays d’après la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC). Sans compter que les attaques répétées de l’Etat Islamique en Libye endommagent encore plus le secteur.

Néanmoins, le GNA a pu trouver un accord avec les Gardes du GIP fin juillet dernier pour rouvrir deux importants terminaux basés à Ras Lanouf et al-Sedra, à 650 kilomètres à l’est de Tripoli. La reprise des exportations annoncée début août par la NOC risque par contre de prendre du temps à cause des travaux de réparation des installations endommagées par l’EI.

Les autorités parallèles basées dans l’Est pourraient également contrecarrer les objectifs du GNA. L’armée nationale libyenne, qui appuie le gouvernement de Tobrouk, ne reconnait toujours pas la légitimité du GNA basé à Tripoli. Elle estime que l’accord doit être validé par les autorités de l’est.

Pour autant, la reprise de la ville de Syrte au centre-nord de la Libye annoncée par les forces du GNA dimanche 14 août constitue une avancée pour Tripoli. La ville était aux mains de l’EI depuis juin 2015, à seulement 300 kms des côtes européennes. Les bombardements aériens américains lancés depuis le 1er août dernier ont permis aux forces du GNA de chasser les jihadistes du centre-ville.

C’est aussi une bonne nouvelle pour les pays européens. La France, l’Allemagne, l’Espagne, les Etats-Unis, l’Italie et le Royaume-Uni ont publiés ce mois-ci une déclaration commune pour exprimer leurs préoccupations « face à la tension croissante signalée près du terminal pétrolier de Zueitina sur la côte centrale de la Libye ». Ils soutiennent le que « le contrôle de toutes les installations doit revenir sans condition préalable, sans réserve ni délai aux mains des autorités nationales légitimes reconnues comme telles par la résolution 2259 (2015) du conseil de sécurité des Nations unies », c’est-à-dire le GNA de Tripoli.

Toujours est-il que « la Libye ne pourra pas recommencer à exporter son pétrole […] avant de rétablir la sécurité […] grâce à un exécutif fort et une armée qui étendra son autorité sur tout le territoire », note un expert libyen du secteur énergétique cité par l’AFP.

Quelle réputation ont les pays euro-méditerranéens ?

Chaque année, le Reputation Institute publie un classement des entreprises les plus réputées au niveau mondial. Le classement RepTrak classe également 70 pays du monde selon leur réputation. Le classement RepTrak Country est basé sur 3 grands types d’indicateurs : l’attractivité de l’environnement, l’avancement de l’économie et l’efficacité de la gouvernance.

En Europe, 6 pays affichent une bonne réputation. Le niveau de réputation excellent n’a été attribué à aucun pays du classement cette année. Si le Maroc est seulement classé 39e, soit parmi les pays dont la réputation est vulnérable, il est le premier pays africain classé suivi de l’Afrique du Sud à la 49e place. A noter également, la France et l’Allemagne sont classées parmi les pays à réputation moyenne même si la France est le pays qui a enregistré la plus forte progression dans le classement depuis l’année dernière.

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Les villes prennent le pouvoir… et en Afrique ?

Dans un article du média américain Quartz, Parag Khanna, chercheur indien spécialiste des relations internationales, estime que les grands centres urbains sont devenus les points névralgiques de l’économie mondiale, reléguant les Etats-nations au second plan.

 

Les villes prennent le pouvoir sur les Etats

Les villes sont aujourd’hui des pôles économiques et démographiques de rayonnement mondial. Le monde devrait être parsemé de quelques 40 mégalopoles d’ici 10 ans.

Saskia Sassen, spécialiste de la mondialisation et de la sociologie des très grandes villes, avance par ailleurs que les 20 villes les plus riches du monde évoluent « dans une sorte de circuit fermé alimenté par le capital, le talent et les services ». Elles rassemblent à elles seules 75% des plus grandes entreprises, lesquelles participent en retour au développement urbain.

Aujourd’hui, on constate qu’on compte bien plus de villes viables que d’Etats fonctionnels. Et les grandes villes sont parfois de véritables « îlots de bonne gestion des affaires publiques » dans des Etats à côté bien faibles. On voit par exemple ces cas de figures dans les relations que les grandes mégalopoles africaines entretiennent avec leurs Etats-nations, à l’image de Lagos et du Nigeria.

 

Et en Afrique ?

En République Démocratique du Congo, Kinshasa est devenue en 2015 la plus grande ville francophone au monde, devançant Paris en termes de démographie sur une surface quatre fois moindre que celle de la capitale française. Alors que Kinshasa fonde son modèle de développement sur les positions ultramodernes de Singapour, certains se demandent si cette stratégie est réellement pertinente.

Un article de Cityscapes, un journal Sud-Africain, pointe du doigt les contradictions de ce modèle alors même que les citadins kinois manquent encore des infrastructures de base en termes d’eau, d’électricité ou de réseaux routiers. Les grandes villes africaines prennent largement exemple sur leurs grandes sœurs asiatiques pour devenir elles aussi des métropoles hyperurbanisées et ultraconnectées en une génération, à l’image de Lagos qui s’inspire largement de Shanghai.

Pour autant, on peut déplorer que si elles suivent cette configuration, toutes les villes vont finir par se ressembler. Les villes africaines subissent une lourde pression pour « rationnaliser les formes souvent irrationnelles sous lesquelles [elles] se sont développées ». Finalement, le développement urbain en Afrique néglige encore un paramètre qui devrait le singulariser par rapport : la question de l’identité africaine.

Un autre élément important est mis en avant par le journal thaïlandais Bangkok Post : c’est la migration non pas dans les mégavilles mais dans les « villes secondaires », qui comptent entre 150 000 et 5 millions d’habitants, qui contribue le plus à la réduction de la pauvreté dans le monde.

Ces pistes pourraient permettre à l’Afrique de réfléchir à un modèle de développement urbain qui se distingue des grandes tendances actuelles dans les pays émergents et qui colle vraiment aux besoins et aux caractéristiques des villes africaines.

Un attentat en Belgique crée la polémique avec les autorités diplomatiques algériennes

Samedi 6 août dernier, un ressortissant algérien résidant illégalement en Belgique a attaqué à la machette deux policières à Charleroi avant d’être abattu par une troisième. La polémique s’est développée autour de l’événement en marge des déclarations du secrétaire d’État belge à l’Asile et à la Migration, Theo Francken. Celui-ci a dit vouloir expulser un maximum d’étrangers criminels et citait le cas de l’agresseur, Khaled Babouri, qui avait reçu deux ordres de quitter le territoire mais ne les avait pas respectés.

D’après les autorités belges, le manque de coopération de l’Algérie en matière d’immigration clandestine serait en cause. Theo Francken a affirmé que « les retours forcés vers l’Algérie restent problématiques, malgré des années de négociations européennes et bilatérales ».

Mais l’ambassadeur d’Algérie à Bruxelles, Amar Belani, a rapidement fait taire ces accusations. D’après lui, « la coopération entre l’Algérie et la Belgique existe : elle est pragmatique, elle est constructive. On n’a pas besoin d’accords bilatéraux de réadmission. Avec tous les pays, nous avons une très bonne coopération en matière de réadmission de ceux qui séjournent de manière irrégulière ». Pour appuyer ses déclarations, Amar Belani a cité le bilan de 155 Algériens en situation irrégulière rapatriés en 2015. Il a par ailleurs affirmé que la Belgique n’avait fourni aucune demande concernant le rapatriement de Khaled Babouri.

L’Office des étrangers belge a effectivement confirmé la position d’Amar Belani : le cas Khaled Babouri n’avait pas été soumis à l’Algérie parce que « les éléments analysés n’ont pas laissé penser qu’il s’agissait d’un dossier prioritaire ». Le porte-parole de l’institution, Dominique Ernould maintient tout de même que la conclusion d’un accord bilatéral de réadmission avec l’Algérie reste nécessaire. Il a dénoncé les problèmes de coopération qui peuvent exister avec l’ambassade algérienne en Belgique du fait du turn-over rapide des ambassadeurs. Cette situation ne garantit pas de continuité dans leurs politiques diplomatiques alors qu’un accord bilatéral de réadmission fournirait une base juridique et légale solide.

Par ailleurs, l’état de santé des deux policières agressées à la machette (l’une d’elles est d’ailleurs d’origine algérienne) s’améliore et toutes deux sont conscientes.

Ethiopie, Nigeria, Maroc, Ghana et Sénégal : 5 pays africains qui offrent des « perspectives économiques intéressantes » pour les investisseurs internationaux

Ce mardi 9 août, Havas Horizons a publié la 2e édition de son étude sur le financement de la croissance africaine réalisée auprès de 55 institutions financières et bancaires du 14 janvier au 29 février derniers. Havas Horizons, service dédié aux pays émergents créé à l’initiative de l’Institut Choiseul et de l’agence Havas, interroge ici les investisseurs internationaux sur les perspectives économiques africaines à court et moyen terme. 

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Alors que l’Afrique subit les conséquences de la décélération de la croissance mondiale, de la chute des cours du pétrole, ou encore de la baisse de la demande chinoise et du ralentissement de l’économie américaine, son rythme de croissance ralentit légèrement. Dans ce contexte, les économies africaines ont pris acte de la nécessité de changer de modèle de développement. Elles sont de plus en plus nombreuses à accélérer la diversification de leur économie dans des domaines en forte expansion tels que la finance, le BTP ou les télécommunications.

 

5 pays plébiscités par les investisseurs étrangers

L’étude fait ressortir cinq pays qui, malgré des profils très différents en termes de tailles ou de niveaux de développement, affichent des « perspectives économiques intéressantes pour les investisseurs ».

L’Ethiopie est citée par la majorité des investisseurs. Derrière elle, on trouve le Nigeria, première économie du continent. Ensuite, le Maroc (qui n’était pas dans ce top 5 l’année dernière), le Ghana et le Sénégal sont particulièrement plébiscités par les investisseurs étrangers.

 

Les projets énergétiques ont la côte en Afrique

Constat intéressant de l’étude, l’investissement dans les projets énergétiques attire de plus en plus alors qu’il pouvait être considéré comme risqué il y a encore peu de temps. 65% des investisseurs interrogés estiment que l’énergie est un « moteur de développement économique pour l’Afrique ». Près de la moitié des sondés qui se sont déjà investi dans un projet énergétique en 2015 veulent le maintenir voire le renforcer cette année. C’est l’énergie solaire qui est la solution énergétique jugée la plus prometteuse d’ici 2020 et l’Afrique est tout à fait en adéquation avec la tendance globale de développement des énergies renouvelables au détriment des énergies fossiles.

Havas Horizons note toutefois que si 94% des investisseurs interrogés considèrent que l’Afrique peut devenir « une référence mondiale dans la production d’énergies nouvelles », le secteur bute encore sur les freins à l’investissement que sont les risques juridiques et les risques liés à la gouvernance ou le déficit d’infrastructures.

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