Depuis septembre 2015, un nouvel ambassadeur français s’est installé au Maroc. Successivement ambassadeur en Syrie, en Irak puis au Vietnam, Jean-François Girault était depuis 2012 directeur d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient au ministère des Affaires étrangères et du développement international. Il est membre du Conseil d’administration de l’Institut du Monde Arabe depuis 2014. Il a livré ses premières impressions sur le pays qui l’a accueilli à conjoncture.info. Pour lui, le Maroc reflète d’abord « le mouvement ; il y a au Maroc une stratégie, un élan, une perspective, auxquels Sa Majesté imprime une impulsion toujours renouvelée ».
Il cite notamment les nombreux plans de développement économique, tous plus ambitieux et attractifs, que la France soutient avec vigueur. Ainsi, le Plan d’accélération industrielle (PAI) 2014-2020 qui aurait déjà permis à plusieurs filières de se structurer en écosystèmes à part entière. Plusieurs secteurs d’activité émergent, entre autres l’automobile et l’aéronautique, en passant par la logistique.
Par ailleurs, Paris a bien conscience de la structure entrepreneuriale du marché marocain et le soutien aux PME est affirmé comme prioritaire : « Lors de sa visite au Maroc, le Secrétaire d’État chargé du Commerce Extérieur, M. Matthias Fekl, a annoncé la mise en place d’une ligne de financement d’un montant de 25 millions d’euros à destination des PME marocaines achetant des biens et services venant de France. »
M. Girault note également un certain rééquilibrage géographique : on voit l’émergence de nouveaux pôles d’activité en-dehors des centres historiques que sont Casablanca et Rabat. C’est l’occasion de citer Tanger Med, un port construit il y a seulement dix ans bordé par une zone franche d’activités industrielles et logistiques le long du détroit de Gibraltar, et d’Agadir, la plus grande station balnéaire du royaume qui jouit de non moins de 6% de croissance par an. Et d’ajouter : « En faisant preuve d’audace, les opérateurs français ont de vraies opportunités. Nous devons nous mobiliser dès l’amont. » à propos notamment de Kenitra, un port du nord-ouest du pays, que l’ambassadeur voit devenir prochainement un incontournable des centres d’activités marocains.
Par ailleurs, le Maroc se démarque par son ouverture à l’international et sa totale adéquation avec le libre-échange. Des négociations sur un accord de libre-échange complet et approfondi (ALECA) entre le royaume et l’Union Européenne ont été lancées en mars 2013. Rappelons à ce titre que le Maroc est le premier bénéficiaire de la politique européenne de voisinage et de l’aide financière à hauteur de près de 200 millions d’euros par an. Le royaume continue d’attirer de nombreux investisseurs et M. Girault rappelle que la France peut se féliciter non seulement d’être le premier investisseur au Maroc mais également d’être la première destination des IDE issus du Maroc : « La France est de loin le premier partenaire économique du Maroc. Les investissements français représentent près de la moitié du stock des IDE et 750 filiales d’entreprises françaises, dont 34 du CAC 40, sont implantées sur le territoire marocain, assurant plus de 120 000 emplois. »
La coopération franco-marocaine renouvelée en septembre 2015 à l’occasion de la visite du Président François Hollande à Tanger se poursuit sur les terrains de l’enseignement secondaire et supérieur, de la formation professionnelle notamment sur la question de la propriété industrielle. Par ailleurs, afin de mettre en œuvre une action sur les collectivités territoriales, « la coopération franco-marocaine s’opère également au niveau des territoires. Afin d’amplifier cette dynamique, des Assises franco-marocaines de la coopération décentralisée se tiendront en 2016. »
En ce qui concerne les questions environnementales, la coordination des actions franco-marocaines est aussi une priorité affichée de l’ambassade : « L’Appel de Tanger pour une action solidaire et forte en faveur du climat, lancé le 20 septembre dernier par Sa Majesté le Roi Mohammed VI et le Président François Hollande, symbolise la communauté de vue et d’ambition de la France et du Maroc face à ce que les deux pays considèrent comme l’enjeu planétaire majeur de ce siècle. » L’Appel a été exceptionnellement signé par les deux chefs de l’Etat et a permis au Maroc de se démarquer par un engagement précoce et ambitieux en marge de la COP21 qui s’est tenue en décembre dernier à Paris.
L’ambassadeur conclue sur une note plus qu’encourageante quant au devenir des relations franco-marocaines : « notre diplomatie économique dispose d’une équipe de France de l’export à la mesure des enjeux et des défis que nous assigne notre place de premier partenaire économique du Royaume ».