Quand l’Algérie accouche de son indépendance dans la douleur
Alors que l’Algérie fête l’anniversaire de son indépendance le 5 juillet, les événements qui ont eu lieu ce jour-là en 1962 assombrissent encore l’histoire tourmentée que le pays a entretenue avec la France.
Après une guerre meurtrière de huit longues années, les accords d’Evian passés en mars 1962 marquent le cessez-le-feu entre les autorités françaises et les indépendantistes algériens et la fin de la guerre d’Algérie. Mais ce cessez-le-feu précède en fait une nouvelle vague de violence. L’Organisation armée secrète (OAS) va poursuivre le combat et les actions terroristes jusqu’en juin tandis que le Front de libération nationale (FLN) engage les représailles à l’encontre des harkis.
La tension retombe à partir de fin juin et des manifestations algériennes se diffusent dans tout le pays pour célébrer l’indépendance. Malgré l’interdiction des autorités, l’une d’elles est prévue pour le 5 juillet, jour ou sera officialisée la proclamation de l’indépendance algérienne.
Ce jour-là, il reste quelques 100 000 européens à Oran, qui bénéficient en principe de la garantie de leur personne comme prévu par les accords d’Evian. A Oran, la manifestation commence en début de matinée et culmine sur la Place d’Armes. Un premier coup de feu y retentit vers 11h15. Puis l’Armée de libération nationale (ALN, bras armé du FLN) et des civils armés, qui se trouvent être très nombreux parmi les manifestants, s’engagent dans une véritable fusillade.
C’est une véritable « chasse à l’homme » à l’encontre des européens et des musulmans suspectés de les défendre qui s’ensuit. D’après les archives françaises étudiées par l’historien Jean-Jacques Jordi, « le massacre d’Oran » aurait fait au moins 700 tués et disparus, mais bien plus si on tient compte de toutes les sources.
C’est un véritable mutisme qui s’installe suite à ces événements, du côté algérien comme du côté français. 18 000 soldats français étaient présents lors du massacre, mais ils ont été sommés de ne pas intervenir par De Gaulle. Aujourd’hui encore, le massacre du 5 juillet 1962 à Oran n’est pas reconnu. Pour Georges-Marc Benamou, journaliste français, le massacre est un « événement clandestin » : « Pas de véritable investigation. Peu de livres. Pas une plaque, nul hommage officiel de la République ». Si depuis 2012 certains historiens lèvent le voile sur les faits, les gouvernements français et algérien ne les ont toujours pas reconnus.