Du 7 au 10 novembre 2022, Convergence International organisera une « Business Expedition Africa 2022 » à Accra (Ghana). Le but : engager les participants, venus d’Europe comme d’Afrique, à lancer des coopérations approfondies dans le secteur des mines et industries connexes. En partenariat avec l’ACPE, Association des Consultants Pétrole Énergie et soutenu par Choose France, l’événement permettra aux professionnels de faire connaissance avec de potentiels partenaires lors de rencontres BtoB, mais aussi d’assister à des conférences exceptionnelles avec interventions d’expertises (publiques comme privées). Zoom sur l’organisation d’un événement aux enjeux multiples.
Afrique de l’Ouest et activités minières : l’extraction des matières premières comme activité historique
Dans les pays concernés par la Business Expedition Convergence (Afrique de l’Ouest et en particulier Ghana, Côte d’Ivoire, Sénégal et Burkina Faso), on trouve historiquement des ressources minières en abondance. Pendant des années, — et jusqu’à aujourd’hui — elles ont été exploitées par des compagnies étrangères privées, souvent occidentales, dans le but d’exporter les matières premières à l’état brut vers des lieux de transformation situés à l’extérieur de l’Afrique.
Il est à dire que ce mode de fonctionnement remonte à l’époque coloniale où les matières premières, extraites en Afrique, étaient ensuite expédiées vers la métropole pour y être transformées. Depuis, les grandes compagnies minières sont (pour la plupart) restées au Nord et les ressources au Sud. Dans les années 1990, encouragées en cela par les gouvernements locaux, les entreprises étrangères ont renforcé leurs investissements dans les mines d’Afrique de l’Ouest. Le but des États était alors clair : augmenter le PIB et la richesse nationale sans pour autant pousser à la centralisation de la chaine de valeur sur leur territoire (soit la construction d’usines de transformation des ressources). Peu à peu et pour encadrer plus strictement les pratiques des compagnies étrangères, les codes miniers nationaux se sont renforcés, les ministères chargés des mines sont apparus et, bien qu’un peu plus tardivement, des réglementations environnementales ont émergé.
Aujourd’hui, l’Afrique de l’Ouest est devenue un poids lourd de la production mondiale de ressources minières. Il s’agit notamment de la première zone aurifère sur tout le continent (devant l’Afrique du Sud) et de la troisième mondiale (derrière l’Australie et le Canada). Dans la sous-région (et même sur le continent), le Ghana s’installe en première place. Profitant de la notoriété dans le secteur acquise grâce à cette position, le pays se fait figure de proue des évolutions significatives auxquelles font face l’ensemble des matières premières en Afrique.
Chaîne de valeur minière : métamorphoses sur un continent en pleine mutation
De territoire de ressources, l’Afrique — et en particulier l’Afrique de l’Ouest — veut devenir un territoire de production et de transformation. Alors que la sous-région, grâce à la découverte régulière de nouvelles mines, est au centre des enjeux mondiaux concernant les matières premières, elle souhaite faire de cette position un moteur pour son développement. S. Diarrassouba, alors ministre des mines de la Côte d’Ivoire, affirmait déjà en 2018 que « la plupart de ces ressources sont généralement exploitées sous forme brute sans transformation importante », observation qui appelait selon lui à des « réformes vigoureuses » en la matière(1). Ce discours est commun à beaucoup (et de plus en plus) de responsables politiques d’Afrique de l’Ouest, dans le secteur des mines mais aussi de l’agriculture(2) ou des hydrocarbures. L’idée est claire : centraliser en Afrique un maximum de postes de la chaine de valeur.
Le témoignage de cette politique, au moins au niveau des mines, est rendu par le Ghana : en janvier 2022, le pays a ouvert la première usine publique de transformation d’or. D’autres devraient suivre incessamment. Cet événement marque un tournant dans l’histoire des mines en Afrique de l’Ouest : pour la première fois, l’ancienne Gold Coast s’approprie sa ressource historique en la transformant à domicile. Au delà de cette action publique, les gouvernements de la sous-région cherche également à promouvoir les investissements privés sur leurs territoires. La construction de structures — qu’elles soient pour l’extraction ou les industries connexes — trouve en effet des conséquences positives sur le maintien des talents dans l’enceinte des territoires nationaux. Cette embauche de personnel qualifié et formé en Afrique est encouragée par les gouvernements comme les investisseurs, alors que les systèmes éducatifs s’améliorent et que les salaires demeurent relativement bas. C’est dans ce cadre et alors que les conditions sécuritaires et d’investissements s’améliorent que l’Europe ne doit plus hésiter à prendre sa place.
La coopération Europe-Afrique face aux défis contemporains
On l’a vu dans un précédent article(3) , les relations historiques entre l’Europe et l’Afrique font face à la nouvelle concurrence chinoise ; l’Empire du Milieu est venu pousser dans ses retranchements, par ses méthodes de négociations nouvelles et son programme ambitieux, un lien déjà fragile. Cette présence nouvelle vient compléter la frilosité générale du vieux continent à investir en Afrique de l’Ouest, du fait de son passé colonial parfois houleux, d’une part, mais aussi de la situation éthique, politique et sécuritaire parfois tendue au sein de la sous-région.
Il est cependant à souligner que, dans le cadre de leur politique d’ouverture à l’investissement extérieur, les gouvernements de la zone développent des lois pour limiter les abus. Au Ghana, le code minier est l’un des plus stricts d’Afrique et cherche à garantir des conditions d’exploitation décentes aux salariés comme pour l’environnement.
1 Cité dans « Pétrole & Mines : l’Afrique de l’Ouest au centre des enjeux stratégiques », Le 360 Afrique, 8 mai 2018.
2 Voir « Les enjeux de l’agriculture en Côte d’Ivoire : l’exemple de l’Anacarde », Convergence International, 18 juillet 2022.
3 Voir « Europe, Chine et continent africain : la communication inter-culturelle au centre des enjeux », Convergence International, 21 juillet 2022.
Partout sur le sous-continent, les États règlementent et attribuent eux-mêmes — dans la plupart des cas — les concessions. En outre, en 2017, l’indice Ibrahim de gouvernance en Afrique montrait une amélioration générale de ce critère sociétal à raison d’1,4% en moyenne par an. Cela tend à montrer une évolution favorable de la situation politique sur le continent, complétée par la stabilité des politiques d’investissements ; cette dernière est notamment maintenue envers et contre tous les événements bouleversant la donne gouvernementale dans la région. Ainsi, selon Indigo Ellis, directrice associée chez Africa Matters(4) (cabinet de conseil), « Tout futur leader [lors d’un coup d’État] essaie de protéger le secteur minier, qui est une source majeure de devises étrangères ».
Alors soit, dans certaines régions d’Afrique, l’insécurité et la corruption demeurent souvent de mise. L’orpaillage illégal y a également encore de longs jours devant lui malgré les politiques publiques largement restrictives en la matière. Cependant, l’amélioration des conditions d’exploitation et l’implication des gouvernements, couplées aux facilités administratives (il ne suffit souvent que d’un an pour obtenir un permis minier) devraient pousser les Européens à réinvestir dans les mines et industries connexes en Afrique de l’Ouest. En l’absence de mouvement clair de la part du vieux continent, la Chine sera sans doute moins frileuse pour y exercer ses intérêts. À juste titre.
Pour Convergence
Yann VIGNALS
Master 2 Relations Internationales Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne Collaborateur Elecio Consulting
Diplômé d’une licence d’Arabe & Relations Internationales à l’INALCO (Paris), il poursuit actuellement ses études en Master à la Sorbonne. Spécialiste des zones Afrique & Moyen-Orient, Yann a rédigé plusieurs articles sur les investissements en Afrique pour Convergence et a également été pigiste dans la presse locale. Dans le cadre de son stage de fin de Master 1, il est actuellement collaborateur chez Elecio Consulting, cabinet de conseil parisien travaillant sur l’internationalisation des entreprises dans ses zones de prédilection.
Sources
– Jeune Afrique, « L’or, une manne encore largement sous-exploitée en Afrique de l’Ouest », 14 août 2020
– Le 360 Afrique, « Pétrole & Mines : l’Afrique de l’Ouest au centre des enjeux stratégiques », 8 mai 2018.
– Le Blog Convergence, « Europe, Chine et continent africain : la communication inter-culturelle au centre des enjeux », 21 juillet 2022.
– Le Blog Convergence, « Les enjeux de l’agriculture en Côte d’Ivoire : l’exemple de l’Anacarde », 18 juillet 2022.
– Le Monde, « Comment les miniers s’adaptent aux coups d’Etat en Afrique de l’Ouest », 03/02/2022.
– Ministère de l’énergie et des mines du Ghana, « Déclaration de Politique Minière ».
– Nations Unies, Afrique Renouveau, « Investir en Afrique : une bonne affaire et une stratégie d’entreprise viable ».
4 Citée dans Le Monde, « Comment les miniers s’adaptent aux coups d’Etat en Afrique de l’Ouest », 03/02/2022.
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