Alors que le secteur du tourisme marocain est relativement morose, le tourisme éco-responsable apparait comme le seul créneau faisant preuve de suffisamment de dynamisme pour relancer ce secteur clé de l’économie marocaine. Coup de projecteur sur une tendance en pleine ascension cette année.
Relancer un secteur sombré dans la morosité
Entre 2011 et 2014, les recettes des voyages réalisés dans le royaume ont baissé de près de 3% alors même que le tourisme reste un des moteurs de l’économie nationale. La traditionnelle offre « station balnéaire » s’est progressivement retirée. « Excepté Mazagan Resort à El Jadida, les autres stations balnéaires du Plan Azur restent, soit inachevées (Plage Blanche, Taghazout), soit vertement critiquées (le cas de Saïdia dans le nord du Maroc). Conçues pour attirer les touristes en masse, ces stations gigantesques, îlots luxueux au milieu de nulle part, manquent d’interactions avec leur environnement et les populations locales. Les animations proposées s’avèrent insuffisantes », d’après un article de Christelle Marot dans Econostrum.
L’écotourisme est l’activité touristique qui contribue à la protection de l’environnement et apporte des retombées équitables aux populations locales leur permettant d’améliorer leur bien-être. Il induit une participation active des populations locales, un engagement concret des touristes et des opérateurs dans des actions de protection de la nature et de sensibilisation à la biodiversité et une recherche d’équité dans le partage des fruits de l’activité touristique. Dans ce cadre, des initiatives très intéressantes voient le jour en matière de tourisme rural avec mise en valeur des produits du terroir, création d’appellations d’origine, développement de coopératives agricoles artisanales, de productions biologiques (huile d’olive, huile d’argan…). On voit émerger au Maroc une véritable économie du tourisme durable avec des randonnées pédestres ou équestres, du parapente, du tourisme vert, la découverte de l’artisanat, des échanges avec les populations locales, des maisons d’hôtes, etc. Et ça fonctionne particulièrement bien sur les touristes européens, entre autres les Français.
Le problème est que ces touristes en recherche perpétuelle d’authenticité vont se tourner vers le tourisme de luxe. S’enfoncer dans les terres est relativement compliqué dans certaines zones enclavées du pays, sans compter que les activités sont restreintes dans des petites communes rurales qui manquent d’infrastructures pour proposer des hébergements adéquats.
Un plan de développement ambitieux
Le plan de développement du tourisme marocain s’incarne dans le programme « Vision 2020 » qui a pour ambition de hisser le Maroc au top 20 des premières destinations touristiques mondiales par la mise en valeur des territoires. Il s’agit concrètement de doubler les capacités du secteur : les arrivées de touristes, le tourisme domestique, les capacités d’hébergement, les emplois directs, les recettes du secteur et encore la part du tourisme dans le PIB. Le tout en jouant sur l’authenticité qui a fait la marque du tourisme marocain et sur la diversité des territoires offerte par le royaume.
La Fondation pour l’éducation et l’environnement a créé en 2002 le label écologique « clef verte » pour récompenser les hôtels, gîtes et autres types d’hébergement dont la démarche écologique fait preuve de dynamisme. Ce label soutenu par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation mondiale du Tourisme (OMT), est aujourd’hui devenu emblématique du tourisme écologique et ce n’est pas moins de 57 établissements marocains qui ont été labellisé en 2012. L’impact a été non négligeable sur les touristes européens, particulièrement friands de ce genre d’initiatives en faveur de la protection de l’environnement.
Le tournant 2016
En ce moment, le Maroc est en pleine opération séduction à destination des touristes russes. Des journalistes russes ont été invités à visiter Marrakech et Agadir, deux destinations phares du tourisme marocain, mais aussi Rabat et Casablanca. Cette opération de communication prend corps dans une stratégie plus globale de promotion du secteur touristique du royaume chérifien auprès de nouveaux marchés porteurs. Les touristes français et espagnols notamment choisissent moins le Maroc ces dernières années en raison de la conjoncture économique, alors que l’émergence d’une classe moyenne russe offre de nouvelles opportunités aux acteurs du tourisme marocain.
Le mois dernier, le souverain marocain lançait à Dakhla un plan de développement de près de 30 milliards de dirhams pour favoriser l’emploi, la compétitivité et le développement socio-économique de les régions sahariennes de Dakhla-Oued Eddahab et Guelmime-Oued Noun. En plus de la mise en valeur du secteur de l’aquaculture, le projet vise la création d’un pôle éco-touristique et la protection des écosystèmes par la mise en valeur des potentiels naturels, culturels et écologiques de ces deux régions. Ainsi le nouveau modèle de développement des provinces sahariennes inauguré par Mohammed VI pour le 40e anniversaire de la Marche Verte prend corps notamment dans l’émulsion du secteur du tourisme responsable.
Le département marocain du Tourisme qui a initié, le 25 janvier dernier, la première Journée marocaine du tourisme durable. 2016 se pose comme un tournant, 10 ans après la création du Comité marocain du tourisme responsable qui a récompensé cette année le Parc national de Toukbal devenu « territoire durable ».
Pour soutenir les initiatives marocaines en termes de préservation de l’environnement, la Banque Mondiale a accordé au pays un nouveau prêt de 300 millions de dollars afin d’inhiber la transition du royaume vers la croissance verte. En-dehors de la préservation des ressources agricoles et halieutiques, qui font encore vivre beaucoup de Marocains, l’idée est d’associer emploi et environnement en permettant le développement de nouveaux secteurs tels que l’aquaculture, l’écotourisme ou encore le marché des énergies renouvelables.