Le jeudi 23 juin s’est tenu, à Paris, le deuxième forum Afrique organisé par le Conseil français des investisseurs en Afrique (CIAN) et L’Opinion. Convergence vous propose de revenir sur un atelier organisé par le Conseil du Coton et de l’Anacarde de Côte d’Ivoire.
L’agriculture, un enjeu majeur en Côte d’Ivoire
Forte de ses traditions, la Côte d’Ivoire a développé un secteur agricole performant. Grâce à ce dernier, le pays est peu à peu devenu auto-suffisant en matières vivrières, laissant moins de 1% de sa population sous-alimentée (20,3% à l’échelle régionale, 19,1% à l’échelle continentale). Seulement 40% des terres cultivables sont exploitées dans le pays, laissant au secteur une marge de développement énorme.
Cette performance enviable résulte de politiques entreprises par les gouvernements successifs en matière agricole. Dès les années 1960, l’anacardier fut notamment réintroduit dans le pays pour reboiser des zones laissées en friches.
L’anacardier, un secteur phare du rayonnement ivoirien
En 2013, conscient de son potentiel, le pouvoir politique prend l’initiative de refonder la filière de l’anacarde. Celle-ci compte aujourd’hui 450.000 producteurs, 400 coopératives et couvre 60% du territoire principalement au Nord, à l’Est et au centre du pays. Le pays est désormais devenu le premier exportateur et producteur mondial de cajou, représentant à lui seul 25% de l’anacarde échangée mondialement.
La capacité de transformation ivoirienne, soit moins développée que la production, est également à souligner : avec ses infrastructures actuelles, la Côte d’Ivoire pourrait traiter jusqu’à 35% de sa production. Cependant, et il s’agit d’une problématique majeure, cette possibilité n’est pas exploitée pleinement ; le pays exporte en réalité 85% de sa production à l’état brut, laissant ses partenaires vietnamiens (destinataire de 85% des exportations ivoiriennes) ou indiens (destinataire de 14% des exportations ivoiriennes) s’accaparer le reste de la chaine de valeur. Face à la faiblesse dont témoignent ces chiffres, le gouvernement ivoirien s’emploie à réformer.
L’anacarde est composée d’une pomme et d’une cajou. Source photo : inter-réseaux.org
Centraliser la chaine de valeur
Comme beaucoup de pays d’Afrique en effet, la Côte d’Ivoire demeure « cantonnée » à son rôle d’exportateur de matières premières, sans transformer ses propres ressources. La première étape pour le pays demeure de former ses talents à exploiter l’anacarde. À Yamoussoukro, une école-usine (« Centre d’innovation et de technologies de l’anacarde ») a ainsi été fondée pour suivre cette direction.
L’inauguration du CITA par le Président de la République en personne montre l’importance que revêt la transformation pour le pays.
Source photo : Groupe Facebook « Action RHDP 2020 c’est maintenant »
De toute évidence, cette promotion des compétences locales s’accompagne d’un besoin de financements pour développer les capacités nationales de transformation. Les entreprises étrangères sont ainsi encouragées de différentes manières (incitations économiques, facilitations administratives…) pour installer des infrastructures performantes ; la construction d’usines est notamment subventionnée. Au contraire, les compagnies décidant d’exporter des cajous brutes sont surtaxées et désavantagées par le gouvernement.
L’objectif est clair : promouvoir la spécialisation et l’excellence ivoirienne sur l’ensemble de la chaine de valeur ; l’exportation de produits transformés rapporte de fait plus — à l’économie comme au développement humain du pays — que le commerce en brut.
Pour Convergence`
Yann VIGNALS
Master 2 Relations Internationales Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Collaborateur Elecio Consulting
Diplômé d’une licence d’Arabe & Relations Internationales à l’INALCO (Paris), il poursuit actuellement ses études en Master à la Sorbonne. Spécialiste des zones Afrique & Moyen-Orient, Yann a rédigé plusieurs articles sur la situation en Palestine pour le journal Classe Internationale et a également été pigiste dans la presse locale. Dans le cadre de son stage de fin de Master 1, il est actuellement collaborateur chez Elecio Consulting, cabinet de conseil parisien travaillant sur l’internationalisation des entreprises dans ses zones de prédilection.
Source : Présentation de la filière du coton et de l’anacarde ivoirienne par le Conseil du Coton et de l’Anacarde – Forum Afrique 2022
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