Youssef Chahed, Premier ministre désigné de la Tunisie, a dévoilé samedi la composition de son gouvernement d’union. Il a promis que celui-ci serait « efficace » pour redresser l’économie et redonner espoir à la population alors que, cinq ans après la révolution, le pays est plongé dans une profonde crise économique. Ce gouvernement devra faire l’objet d’un vote de confiance de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP) d’ici une dizaine de jours.
Un nouveau gouvernement pour redonner espoir aux Tunisiens
Le gouvernement du prédécesseur de Youssef Chahed, Habib Essid, avait vu sa confiance retirée par le Parlement le mois dernier par manque d’efficience. Le nouveau Premier ministre a donc insisté sur les multiples consultations qu’il avait mené depuis sa désignation le 3 août pour « concrétiser l’union nationale » et rester dans l’esprit de l’accord signé en juillet à Carthage par « neuf partis et trois organisations nationales ».
Le nouveau gouvernement est composé de non moins de 40 membres, parmi lesquels 26 Ministres et 14 Secrétaires d’Etat. En dépit des promesses de changement, plusieurs ministres conservent des portefeuilles majeurs tels que Néji Jelloul à l’Education, Hédi Majdoub à l’Intérieur (profitant du calme sécuritaire des derniers mois), Khemais Jhinaoui aux Affaires Etrangères, ou encore Farhat Horchani à la Défense.
On compte quand même 17 nouveaux ministres. Ghazi Jerbibi, qui avait été ministre de la Défense nationale sous le gouvernement Jomaa, rejoint le ministère de la Justice. Aux Finances, c’est une femme, Lamia Zribi, qui succède à Slim Chaker, désapprouvé par le puissant syndicat UGTT. Abid Bikri, ancien responsable de l’UGTT, fait son entrée à la Fonction publique et la bonne gouvernance. Libération note que Ennahdha, parti islamiste et première force au Parlement, voir sa présence rehaussée de deux ministres et d’un secrétaire d’Etat. Par ailleurs, le gouvernement intègre également un membre du parti de gauche Al Massar : Samir Taïeb à l’Agriculture.
Privilégier la jeunesse et la représentativité
Finalement, la promesse d’un cabinet plus resserré n’a pas été tenue, vu le nombre de membres qui le compose. Mais la représentativité est mise en avant avec « avec huit femmes à la tête de portefeuilles importants et 14 jeunes » (dont cinq ont moins de 35 ans) fait valoir Youssef Chahed. A seulement 41 ans, il devrait lui-même devenir le plus jeune Premier ministre de l’histoire moderne tunisienne si le Parlement vote la confiance.
TSA Algérie note que la démarche tunisienne est unique au Maghreb, « où il est rare qu’en politique on donne la chance à de nouveaux profils et surtout sur des ministères stratégiques ». « En Algérie, la grande majorité des dirigeants sont âgés de plus de 50 ans et les véritables décideurs dépassent les 70 ans. »
Les priorités du nouveau gouvernement seront la lutte contre le terrorisme, la corruption et le chômage. Les réformes économiques devraient être rapidement lancées pour endiguer un taux de chômage de 15%, touchant principalement les jeunes actifs. Autre grand chantier gouvernemental, il va falloir améliorer les conditions de vie des Tunisiens, lesquelles se sont largement dégradées ces dernières années en termes d’infrastructures et d’équipements.