Le baromètre PME/ETI de Syntec Numérique étudie les conditions d’accès au marché du numérique pour les PME en France : sa 3e édition publiée en septembre dernier fait état de difficultés encore prégnantes pour décrocher un contrat dans des grands comptes privés et dans les marchés publics, malgré l’attrait qu’ils représentent pour les PME du numérique – une situation dommageable pour ces dernières mais qui tend à s’atténuer grâce à l’action des pouvoirs publics.
Un rapprochement timoré entre PME et grands comptes
Les principaux freins à l’accession des marchés privés seraient les politiques restrictives d’achat des grands comptes et l’incapacité à trouver un interlocuteur. En ce qui concerne le secteur public, la situation est encore plus dommageable, puisque 74% des dirigeants d’entreprises du numérique disent être intéressés par les commandes publiques alors que 82% d’entre eux estiment qu’elles sont très difficilement accessibles.
La moitié des dirigeants de PME du numérique s’accordent d’ailleurs à dire que l’Etat ne met en place aucune action pour pallier ces difficultés malgré les efforts effectivement lancés par les pouvoirs publics… En effet, les actions entreprises pour soulager les lourdeurs administratives et moderniser les achats publics telles que les initiatives du GIP Maximilien et de l’UGAP n’ont aucun impact palpable sur la perception qu’ont les PME du numérique sur leur situation. Les PME du numérique ont du mal à faire confiance aux acheteurs publics tandis que ceux-ci n’ont toujours pas facilité l’accès à leur marché à ces PME malgré leur prétendu attachement aux start-up high tech.
Une coopération qui relève pourtant d’un enjeu national
En septembre dernier, une matinée dédiée au problème et intitulée « PME du numérique et Grands Comptes : une chance pour la France » réunissait des acteurs prestigieux tels que le CIGREF, le Syntec Numérique, Pacte PME et bien d’autres sous la houlette d’Axelle Lemaire, secrétaire d’Etat chargée du numérique et « ambassadrice » de laFrench Tech. Cette rencontre témoigne de l’enjeu économique national qu’est le rapprochement des petites et des grandes entreprises.
Facteur de relance essentiel, cette collusion des petits et des grands serait pour A. Lemaire indispensable au développement à court et moyen termes de la filière numérique. Elle a expliqué l’enjeu de ces PME du numérique dans le défi de la création d’emploi : « Derrière ce label French Tech, il y a la capacité de notre pays et de ses entreprises à innover. C’est un état d’esprit que nous souhaitons insuffler à l’ensemble du tissu économique et industriel ». Elle a clairement exprimé que le changement de perspective devait être à l’initiative des pouvoirs publics, en vertu du principe d’Etat acheteur exemplaire pour stimuler l’innovation et accompagner le développement des PME établi par le Pacte national pour la croissance, la compétitivité et l’emploi de 2012.
Véronique Torner, présidente de la Commission PME de Syntec Numérique, a également tenu à dissiper les amalgames et les idées reçues : les PME du numérique ne sauraient être confondues avec des start-up. En effet cette confusion entrainerait un retrait des administrations et des grands comptes qui voient les start-up comme de simples producteurs de prototypes, et ne voient pas en elles des interlocuteurs suffisamment expérimentés.
Quel avenir pour cette relation chaotique ?
Pierre Pelouzet, médiateur national Inter-entreprises, préconise entre autres la dématérialisation des procédures de réponses aux appels d’offres des commandeurs publics pour faciliter l’accès aux marchés pour les PME. Christophe de Maistre, président de Pacte PME, propose également de développer les plateformes de mutualisation des compétences entre les grands groupes et les PME. Guy Mamou-Mani, président de Syntec Numérique, ajoute que le dialogue, la médiation et la responsabilisation des interlocuteurs ont déjà permis d’améliorer la collaboration entre ces deux types d’acteurs.
Il faut en tout cas garder à l’esprit que pour les acteurs de l’économie numérique, les enjeux dépassent de loin les cadres nationaux. Les collusions de grands groupes nationaux avec des PME du numérique et des start-up innovantes étrangères sont en train d’éclore de manière interrégionale, poussées par des agents qui se veulent les moteurs de l’internationalisation de la sphère entrepreneuriale numérique à l’image du NUMA, organisme parisien aujourd’hui exporté en Russie, en Inde et au Maroc.