Notre monde change, et avec lui notre environnement économique et ses besoins. Les enseignants, les recruteurs et les entreprises cherchent désormais à engager des individus dont les compétences seront décisives s’adapter aux changements induits par le 21e siècle. Pour les travailleurs de demain, le message est clair : ils veulent plus de responsabilités et plus d’occasions de faire preuve d’initiatives et de créativité.
Intégrer les compétences clés de demain
D’après Jérémy Lamri, fondateur de Monkey Tie, un site de recrutement fondé sur les compétences, « les compétences nécessaires à la réussite ne sont radicalement plus les mêmes qu’autrefois ». Prendre acte de ces évolutions est aujourd’hui indispensable pour que la formation des acteurs de l’économie de demain soit en adéquation avec les demandes de leur environnement.
Avec l’accès illimité et instantané aux informations mais également une mise en réseau accrue des individus, ce sont non seulement nos modes de vie mais aussi nos modes de travail et d’organisation qui ont été radicalement modifiés. Depuis les vingt dernières années, nos capacités à interagir et à analyser notre environnement sont de plus en plus sollicitées. Dans un monde où la quantité d’informations double tous les deux ans, notre sens critique nous est plus que jamais indispensable. Il faut dès lors savoir se montrer créatif, privilégier le travail en équipe mais aussi faire preuve d’initiatives et savoir communiquer.
L’organisme P21 (Partenariat pour les compétences du 21e siècle) a mis au point une taxonomie pour catégoriser ces nouvelles compétences. Elle a été largement reprise, notamment dans les universités américaines, pour placer ces compétences au cœur des nouvelles techniques d’enseignement. A partir de nombreuses initiatives lancés par toutes sortes d’organismes – lancées par des universités, des ministères de l’Education, l’Unesco ou encore l’Union Européenne – l’OCDE a adopté un nouveau référentiel d’évaluation des étudiants qui fait aujourd’hui consensus.
Compétences cognitives, ou liées à l’apprentissage (Learning skills – 4C)
– Pensée critique
– Créativité
– Coopération
– Communication
Compétences littéraires (Litteracy skills)
– Information
– Média
– Technologie
Compétences liées au quotidien (Life skills)
– Flexibilité
– Initiative
– Sociabilité
– Productivité
– Leadership
L’enseignement doit mettre l’accent sur les 4C (compétences cognitives) en ce qu’elles sont indispensables au développement individuel et permettent de résoudre des situations complexes. A une échelle macroéconomique, ces compétences vont permettre aux nations de considérablement développer leur capital humain, c’est-à-dire l’ensemble des connaissances et des compétences acquises par les individus, afin d’assurer par la même leur croissance économique.
Les digital natives à la recherche de responsabilités
Lors d’un atelier de l’université du MEDEF sur les compétences des millenium workers, une étudiante d’EPITA (École pour l’informatique et les techniques avancées) a dit attendre d’une entreprise qu’elle lui laisse des responsabilités. Elle a mis l’accent sur la notion de confiance en expliquant ne pas vouloir être constamment surveillée et ne pas être contrainte de suivre à la lettre une fiche de poste ultra-détaillée. Comme beaucoup des jeunes arrivants sur le marché du travail de la génération Z, elle s’est montrée sensible aux opportunités professionnelles à l’international ainsi qu’à une certaine autonomie.
Les « digital natives », ces jeunes nés entre la fin des années 1980 et le début des années 1990 imprégnés de la culture numérique, représenteraient 6 millions de jeunes de moins de 29 ans. Pour Denis Penel, directeur du CIETT (International Confederation of Private Employment Services), c’est une « multigénération » caractérisée par de multiples tâches et de multiples actifs. Ces jeunes sont polycentriques et recherchent la diversité dans leurs missions.
Pour Denis Penel, « le numérique a tué la loi de la gravité », le travail nous suit. Hyper connectés, les digital natives bousculent les frontières entre heures de travail et temps privé. Ils se connectent depuis leurs smartphones pour suivre les évolutions de l’entreprise en temps réel. C’est la « fin de l’espace-temps » : on peut travailler à la maison et jouer au bureau (si tant est qu’on ait encore un bureau).
Les codes du salariat mêmes se retrouvent bouleversés par l’arrivée de ces jeunes sur le marché du travail. Non seulement le CDI n’est plus la norme, mais les digital natives ont un rapport de courte durée à leurs activités. Dès lors, cette forme de contrat, qui ne concerne déjà plus qu’un tiers des employés français, n’a plus d’intérêt que pour la protection sociale qu’il apporte mais perd ses avantages sur la durée étant donné que la stabilité n’est plus une vertu. Par ailleurs, les jeunes ne sont pas imprégnés du formalisme des rapports hiérarchiques et ils ont plus de mal à comprendre le modèle du CDI, qui découle clairement d’une conception hiérarchisée du travail.
Un problème aujourd’hui est que le niveau d’engagement dans les entreprises en France est de plus en plus faible.Office Vibe a produit une enquête l’année dernière qui révèle dramatiquement que 88% des employés n’ont aucune passion pour leur travail. Les managers doivent désormais individualiser leur façon de gérer leurs salariés. Et pourIsaac Geetz, professeur à l’ESCP Europe, l’enjeu pour les entreprises est de créer un environnement où les gens sont naturellement motivés.
Pour fidéliser les travailleurs de demain, sera-t-il suffisant de leur accorder de l’autonomie ? Quant à les rendre responsables de leurs réalisations, oui mais jusqu’à quel point ? Le management dans l’entreprise a encore pas mal de défis à relever…