« La Tunisie est ‘’en état d’urgence économique’’ » titre la Tribune de Genève. Le ministre de l’Investissement, Fadhel Abdelkéfi, pointe du doigt une croissance atone et des finances publiques en plein dépérissement. « La situation imposerait que l’on commence à investir dans ce pays. Si la Tunisie est en état d’urgence contre le terrorisme, il faudrait que tout le monde comprenne qu’on est aussi dans un état d’urgence économique », a dit le ministre lors d’une rencontre organisée à Tunis par la chambre de commerce tuniso-britannique avec de potentiels investisseurs.
Déficit, dette publique, perte de compétitivité…
D’après Fadhel Abdelkéfi, la situation est plus que préoccupante. Le déficit public s’élève à pas moins de 6,5% du PIB tandis que la dette publique atteint désormais 63% du PIB, plus de deux fois plus qu’il y a cinq ans. Sans compter que la croissance économique tunisienne cette année devrait en réalité être inférieure à 1,4%, au lieu des 2,5% escomptés.
Mais devant les investisseurs, le ministre défend haut et fort le nouveau gouvernement, investi en septembre dernier. « On va essayer d’arrêter cette spirale destructrice de la Tunisie […] On va s’attaquer au mal […] J’ai un espoir énorme dans ce pays ».
Autre coup dur : la Tunisie a été classée à la 95e place dans le rapport annuel du Forum de Davos 2016-2017, sur 138 pays listés, enregistrant un recul de trois places par rapport à l’année précédente. L’indice de compétitivité tunisien est de 3,92 sur 10, ce qui est « médiocre et loin d’être honorable » d’après Faycel Derbal, porte-parole de l’institut arabe des chefs d’entreprises (IACE). Ça représente un recul de 60 places en cinq ans pour le pays. Ce sont principalement les piliers « efficience du marché de travail » et « salaire et productivité » qui pèchent, sans compter bien sûr « le coût du terrorisme sur les affaires ». La Tunisie est désormais devancée en termes de compétitivité par ses voisins algérien et marocain et n’est plus que 10e sur l’ensemble du continent africain.
La Tunisie dans l’impasse
Mercredi 28, le Premier ministre Youssef Chahed a annoncé l’application d’une loi « d’urgence économique » qui vise à garantir pendant trois ans « des facilités administratives pour les projets nationaux prioritaires » qui devraient permettre des recrutements de grande ampleur. Le nouveau code de l’investissement tunisien entrera en vigueur le 1er janvier 2017. Un nouveau plan d’aide de 2,6 milliards d’euros sur quatre ans a été signé avec le FMI en mai dernier.
La Tunisie, seul rescapé du Printemps Arabe, fait aujourd’hui face à d’importantes difficultés économiques et de fréquents mouvements sociaux. L’Etat d’urgence est toujours en vigueur, et cela depuis plus de 10 mois.