​Une reprise timide en France début 2016

L’Insee a publié le 9 juin dernier ses dernières statistiques sur l’emploi en France. On y constate la plus forte progression de l’emploi marchand depuis la crise financière, soit une hausse de 1% en un an. La croissance de la période culmine ainsi à +0,6%, soit légèrement plus que les +0,5% initialement prévus par l’Insee. Le « ça va mieux » de François Hollande trouverait-il enfin un écho dans les faits ?

Des créations d’emploi dans les services

Il s’agit précisément d’une progression dans l’emploi privé non agricole. L’emploi dans les services, hors intérim, a augmenté de 47 900 postes par rapport au dernier trimestre de 2015. L’emploi tertiaire repasse donc la barre des 16 millions d’actifs. D’après Philippe Waechter, directeur de la recherche économique chez Natixis AM, « La dynamique collective n’est pas spectaculaire, mais elle est robuste, quand on ajoute à cette amélioration des emplois marchands les bons indicateurs macroéconomiques des dernières semaines », à savoir une meilleure croissance que prévue sur les trois premiers mois de 2016, une bonne dynamique d’investissement et un niveau de consommation qui se maintient.

 

Une reprise en douceur pour les entreprises

L’économie repart doucement en raison de facteurs externes. La bonne santé des économies européennes voisines devrait permettre de relancer le dynamisme des entreprises françaises, d’autant plus que la baisse de l’euro et la chute des cours du pétrole commencent à avoir des effets positifs sur les producteurs français. L’investissement des entreprises françaises est relancé par une croissance de 2,4 % par rapport à la fin de l’année dernière. L’horizon économique se dégage peu à peu pour les chefs d’entreprise.

 

Morosité pour l’industrie et la construction

En revanche le domaine de l’industrie continue son recul. 8 400 postes ont été supprimés lors du premier trimestre 2016. Rien d’alarmant toutefois : le niveau de production manufacturière aura du mal à revenir à celui d’avant 2008 pour la plupart des pays développés du globe. Effet d’une croissance plus lente et d’un processus de désindustrialisation qui se poursuit inlassablement, le déclin de l’industrie manufacturière devrait se poursuivre doucement dans les mois et les années à venir.

Le BTP amorce quand même une timide reprise, la construction employant de nouveau pour la première fois depuis 2012. Cela se joue notamment sur une augmentation de 9,1% des effectifs intérimaires par rapport au début de l’année 2015 d’après Prism’emploi, la fédération du travail temporaire. Des projets naissent dans les entreprises du secteur, portés par ces cadres et employés temporaires, bien que l’élan constaté cette année est loin d’avoir l’ampleur des reprises plus marquées de 1997 et 2010.

La reprise devrait se poursuivre à un rythme relativement lent mais de manière durable. La France ne connaitra probablement pas une croissance de plus d’1,5% cette année mais les indicateurs macro donnent un ton favorable à la situation économique nationale. Sans compter que l’organisation de l’Euro devrait rapporter à l’économie française 1,266 milliards d’euros pour 2,5 millions de spectateurs cet été.

En cas de Brexit, quels seront les effets sur les pays membres de l’UE ?

Le 23 juin, les Britanniques devront se prononcer pour ou contre le Brexit, la sortie du Royaume-Uni de l’Union Européenne. Pour l’occasion, nous nous demandons quels pays membres de l’UE seraient les plus durement touchés par le départ des Britanniques des institutions européennes.

 

Irlande

Sans surprise, l’Irlande devrait être le second pays le plus touché par le Brexit selon une étude de Global Counsel, en raison de sa proximité avec le Royaume-Uni. En 2013, l’investissement britannique en Irlande atteignait presque 30% du PIB. Les deux pays sont profondément liés, en termes d’échanges, de distribution mais aussi de migration, de langue et de culture. 329 000 Irlandais vivraient sur le sol britannique, c’est la seconde communauté d’expatriés européens au Royaume-Uni la plus importante après les Polonais.

 

Europe de l’Ouest : Pays-Bas, Danemark, Belgique, Allemagne

Ces quatre pays d’Europe centrale souffrent au moins d’une « exposition significative » au Brexit d’après Global Counsel. Ils partagent de forts liens commerciaux, financiers et d’investissement avec la Grande-Bretagne. Ils sont aussi souvent alignés sur les Britanniques en termes de régulation et de politique économique. La Belgique, qui se remet doucement de la récession, pourrait être lourdement impactée par le retrait des investissements britanniques et le déclin de ses relations commerciales avec le Royaume-Uni.

En dépit de la manne économique que représente le Royaume-Uni pour Berlin (l’Allemagne avait un excédent commercial de 28 milliards d’€ sur le Royaume-Uni en 2013), l’Allemagne a aussi gros à perdre politiquement en cas de retrait britannique de l’UE. Londres est le premier allié de Berlin dans l’Union en termes de politique économique et financière, de libre-échange et de régulation. Le gouvernement allemand aura du mal à défendre efficacement ses intérêts s’il se retrouve seul face à la France ou l’Italie.

 

Europe du Sud : Chypre, Portugal, Grèce, Espagne

Pour les pays d’Europe du sud, la possibilité d’un Brexit multiplie les incertitudes. La Grèce, le Portugal ou encore l’Espagne subissent encore les effets de la crise. Dans les pays membres de l’UE qui bordent la Méditerranée, le chômage reste significativement élevé (25,6% en Grèce, 22,9% en Espagne, 16,0% à Chypre en mars 2015). Ces pays, déjà très affaiblis, seraient terriblement exposés aux conséquences macroéconomiques du Brexit.

 

Pays de l’Est : République Tchèque, Slovaquie, Bulgarie, Roumanie

A l’Est, les retombées économiques du Brexit ont de quoi inquiéter. La République Tchèque et la Slovaquie sont deux pays fortement dépendants de l’exportation de produits industriels, notamment vers le Royaume-Uni. La République Tchèque pourrait perdre près d’1 point de croissance et la Slovaquie s’inquiète de l’amputation de dizaines de milliers d’€ de subvention comme conséquences du Brexit.

Pour les 220 000 Roumains et les 65 000 Bulgares (au moins) installés de manière permanente en Grande-Bretagne, le Brexit pourrait entrainer leur retour dans leur pays d’origine. La libre circulation des travailleurs de l’Est est l’une des principales raisons qui pousse le Royaume-Uni à engager une sortie de l’UE et l’expulsion de ceux-ci pourraient être l’un des premiers effets du Brexit.

 

Et les expats britanniques ?

Pour l’instant, les Britanniques expatriés dans un pays de l’UE n’ont pas eu de réponse claire quant à leur avenir. Statut garanti par dérogation ou retrait des droits acquis en tant que citoyen de l’UE, les politiciens britanniques et européens évoquent les deux possibilités sans que rien ne soit certifié. En tout cas, les contrôles aux frontières devraient être rétablis.

Pour les Anglais expatriés aux quatre coins de l’Union, prendre la nationalité irlandaise est devenu, depuis l’annonce du référendum, une solution pour être assuré de conserver ses droits en tant que citoyen de l’UE. Il y aurait 4,5 millions d’expatriés parmi les 64 millions de Britanniques dont 1,3 million vivent dans l’UE. Quelques 319 000 vivent en Espagne, 249 000 en Irlande et 171 000 en France.

​Création d’entreprise, quelques conseils d’experts

A l’occasion du Salon des Entrepreneurs Auvergne Rhône-Alpes 2016, la plénière d’ouverture se focalisait sur les enjeux de la création d’entreprise. Futurs créateurs d’entreprise, suivez les recommandations des spécialistes de l’entrepreneuriat !

La création d’entreprise, véritable vecteur d’épanouissement

Juliette Jarry, vice-présidente de la région Auvergne Rhône-Alpes en charge du numérique, considère la création d’entreprise comme un véritable vecteur d’épanouissement. Elle-même issu du monde de l’entrepreneuriat, elle souhaite favoriser le dynamisme de la région en termes de création d’entreprises pour que celle-ci devienne une référence en matière d’innovations digitales.

Depuis mai dernier, le nombre de créations d’entreprise tous types confondus a progressé de 2,3% sur un mois et de 10,1% sur un an d’après les données CVS-CJO. Ce sont surtout dans les domaines des activités immobilières, du soutien aux entreprises, du commerce et de l’Information et communication que l’on voit apparaitre le plus d’entreprises.

 

Choisir l’accompagnement pour pérenniser son entreprise

Et en effet, la région Auvergne Rhône-Alpes se positionne comme la deuxième région française en termes de création d’entreprises derrière l’Ile-de-France grâce à un large panel d’outils à l’accompagnement des entreprises et des start-ups. Juliette Jarry insiste sur la nécessité d’accompagner l’entreprise tout au long de son développement, de la création à la phase de croissance. Les entrepreneurs peuvent effectivement s’entourer des bons acteurs et des bons outils pour mieux gérer leur structure RH, leur financement ou encore leurs approches commerciales et marketing.

Pour elle, il faut mettre en avant les qualités des entrepreneurs français, souvent sous-estimées. Ainsi la plupart des grandes entreprises de la Sillicon Valley ont fait le choix de s’entourer de dirigeants français, lesquels sont appréciés pour leur niveau d’éducation et de performance.

 

Créer son entreprise, une histoire de jeunes ?

Emmanuel Imberton, président de la CCI de Lyon, note par ailleurs la véritable appétence des jeunes pour la création d’entreprise. Un diplômé sur deux sortants de l’EM Lyon, grande école supérieure lyonnaise de commerce et de gestion, désirerait devenir entrepreneur. C’est un véritable « clignotant vert » pour l’économie française, laquelle déploie encore les capacités créatives des jeunes français.

 

L’entreprise, c’est d’abord « la réussite collective d’une équipe »

Emmanuel Imberton met toutefois les créateurs d’entreprise en garde : seules 4% des entreprises sont créées avec des salariés ! C’est donc plus de 95% des entreprises qui sont portées par des auto-entrepreneurs ou vécues comme des expériences individuelles. Un chiffre dommageable pour la pérennité des jeunes entreprises françaises : l’entreprise, c’est d’abord « la réussite collective d’une équipe ».

 

Bien choisir son territoire d’implantation : les spécialités lyonnaises

Créer son entreprise, c’est avant tout avoir une idée mais aussi une envie profonde de liberté. Et le territoire d’implantation doit permettre à cette volonté de liberté de pleinement s’incarner.

David Kimelfeld, vice-président de la Métropole de Lyon, défend celle-ci comme une bonne destination pour l’implantation de nouvelles entreprises. Véritable lieu d’attractivité, la Métropole lyonnaise offre des structures et une qualité de vie convenant parfaitement aux (nouveaux) entrepreneurs. Lyon dispose également d’un écosystème entrepreneurial aux spécialités singulières : numérique, sciences du vivant ou encore technologies propres.

Entreprendre ou reprendre ?

Jean-Paul Mauduy, président de la CCI Rhône-Alpes, insiste aussi sur le créneau de la reprise d’entreprises. La vocation des CCI est de faire office d’acteur de proximité, aux côtés des entrepreneurs comme des repreneurs. Plus de 8 000 entreprises sont à reprendre en France en ce moment, un sacré enjeu pour l’économie nationale.

 

Privilégier l’humain

Mohed Altrad était l’invité d’honneur du Salon des Entrepreneurs cette année. Premier français élu entrepreneur mondial en 2015, il a bâti son groupe à partir de la reprise d’une entreprise d’échafaudage. Désormais président de la toute nouvelle Agence France Entrepreneur, son grand conseil aux futurs chefs d’entreprise est de ne pas confondre objectif et résultat. On ne construit pas une entreprise seulement pour l’argent mais avant tout pour concrétiser une idée. Le secret : être attentif aux salariés, être humain sans pour autant ne pas être rigoureux. Ce sont les gens avec lesquels vous travaillerez qui vous initieront à leur culture et à leurs propres approches.

L’UE développe ses échanges avec l’Afrique australe, à quel prix pour le continent africain ?

L’UE a signé vendredi 10 juin au Botswana un Accord de Partenariat Economique avec la SADC, Communauté de développement de l’Afrique australe regroupant une quinzaine de pays. Celui-ci s’inscrit dans la volonté de l’UE de développer ses échanges commerciaux avec le continent africain.

Libre-échange et développement économique

Décidé milieu 2014, il aura donc fallu deux ans d’intenses négociations à l’accord pour qu’il soit finalement signé par les deux parties. Celui-ci est présenté par l’UE sous l’angle du développement commercial et est le premier APE du genre à être signé avec des pays africains dans un but d’intégration économique.

Il garantit de fait à six pays membres de la SADC (à savoir le Botswana, le Lesotho, le Mozambique, la Namibie, le Swaziland et l’Afrique du Sud) un accès de franchise de droits et de contingents au marché européen. Ainsi, il prévoit un montant de 32 milliards d’euros d’exportations annuelles vers l’UE provenant de ces six pays, composés principalement de matières premières minérales, en échange du même volume d’exportations européennes vers ces États, ici composés surtout de produits automobiles et de l’industrie chimique. On peut considérer cet APE comme un accord de libre-échange à part entière puisqu’il entérine pour la première fois le principe de réciprocité imposé par l’OMC. Il devrait à terme permettre la suppression des droits de douane pour les importations vers l’Europe en parallèle d’une réduction progressive de ces mêmes barrières pour les importations vers les pays africains signataires.

Cet APE s’intègre donc au processus de mise en œuvre d’accords de libre-échange initiée par l’UE avec les pays de l’ACP (Afrique Caraïbes Pacifique) depuis l’accord de Cotonou de 2000. Un traité de libre-échange continental avait été signé en juin 2015 qui devait engager tous les Etats de l’Union Africaine. Mais la SADC envoie un message en s’engageant seule, lequel sous-tend qu’elle accord peu d’importance à ce traité précédemment signé.

L’UE a pour projet de continuer sur sa lancée avec d’autres régions d‘Afrique par la signature d’autres accords de partenariat économiques. Certains sont déjà engagés avec des pays d’Afrique de l’Ouest ainsi que la Communauté d’Afrique de l’Est.

 

Des accords particulièrement controversés

Toutefois, les négociations ont été – et sont toujours – particulièrement houleuses. Beaucoup de critiques assaillent cet APE. Tout d’abord, nombreux sont les experts qui craignent que l’accord ait des conséquences désastreuses pour les économies africaines.

Avant tout, cet accord donne plus de priorités à l’Europe qu’à l’Afrique. Certains avancent que le véritable objectif de l’APE n’est pas de favoriser le développement du continent africain, qui bénéficie aujourd’hui de partenariats diversifiés avec la plupart des acteurs économiques mondiaux, mais de protéger le marché européen de la concurrence de puissances émergentes telles que le Brésil, la Turquie ou la Chine. Cité par Jeune Afrique, Cheick Tidiane Dieye, un des experts du comité régional ouest africain de négociation de l’APE UE-Afrique de l’Ouest, estimé que « L’APE n’est qu’un accord de libre-échange auquel l’UE a ajouté un volet développement en 2007 pour remporter l’adhésion des pays d’Afrique ».

D’autres estiment aussi que l’accord fragmente le continent africain. Pour les économies déjà industrialisées, l’APE devrait leur permettre de poursuivre leur développement. Pour les autres, les choses vont s’avérer beaucoup plus compliquées. Le délai d’application accordé par l’accord serait trop court pour que les produits africains soient capables de faire face à la concurrence bien organisée des producteurs européens.

Des experts mettent en garde contre les effets néfastes de l’accord pour le commerce intra-africain. Si les producteurs africains peuvent exporter vers l’Europe sans avoir à s’inquiéter des droits de douane, ils vont préférer se tourner vers le marché européen que favoriser les échanges avec leurs pays voisins qui ne pourront pas rivaliser avec les mêmes avantages. Selon Ibrahima Coulibaly, vice-président du Roppa, un réseau de producteurs africains et d’organisations paysannes, « Ces accords confinent le rôle de l’Afrique de l’Ouest dans la fourniture de matières premières aux industries européennes, tout en offrant le marché de la région aux produits européens subventionnés… Ils vont y installer la précarité et l’instabilité ».

Aussi, l’APE vise seulement à faciliter le transfert des capitaux et des produits sans pour autant favoriser la circulation des personnes. Certains estiment donc que par cette manœuvre, l’UE cherche à faire émerger un environnement dissuasif pour les futurs candidats à l’immigration clandestine. Autrement dit, l’accord participerait à la stratégie de l’UE de limitation d’arrivée de migrants clandestins sur le sol européen.

 

La mise à mal des relations Europe-Afrique ?

Finalement, on peut carrément mettre en cause le fait que l’APE ait des conséquences majeures pour les marchés européen et africain. En effet les pays africains disposaient d’un accès privilégié au marché européen pour y exporter leurs matières agricoles avant que soit engagé le processus des APE. Ces accords ne devraient donc pas donner lieu à une explosion des échanges entre les deux continents. Qui plus est, les produits africains vont devoir s’adapter avant cela aux normes européennes, lesquelles représentent une véritable barrière commerciale à l’entrée du marché européen.

L’accord sera soumis en Europe à l’approbation du Parlement européen et aux processus de ratification des 28 Etats membres. Les six pays africains signataires devront eux aussi ratifiés l’accord mais pas la SADC en tant que communauté régionale.

On peut craindre que les relations des deux parties puissent s’envenimer si les conséquences des accords s’avèrent négatives pour l’Afrique. Dans ce cas, la signataire d’autres APE avec le reste du continent africain serait plus que compromise pour l’UE.

2016, une année économique difficile pour le Maroc

Après les publications peu enthousiastes du FMI et de l’OCDE en termes de croissance mondiale, c’est au tour de la Banque mondiale de réviser ses perspectives économiques en ce qui concerne le Maroc. La croissance du royaume ne devrait pas dépasser plus de 1,6% en 2016. Par ailleurs, le chômage continue d’augmenter dans le royaume, en particulier chez les jeunes et les diplômés.

Croissance en berne

Le Maroc, contrairement aux prévisions initiales avoisinant les 3% de croissance, ne devrait pas bénéficier de plus d’1,6% de croissance cette année selon les statistiques avancées par la Banque mondiale, faisant ainsi la troisième pire performance économique de la zone MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) après le Koweït et Oman. Les raisons de ce recul prévisionnel avancées par l’institution sont notamment une mauvaise année agricole, un certain recul des exportations dû à la morosité économique de la zone euro ou encore le manque de vigueur global de l’économie mondiale et ses effets sur le secteur du tourisme.

L’activité agricole marocaine particulièrement a connu un fort recul en raison du manque de pluies. L’industrie céréalière est en berne cette année et le Maroc va devoir importer des millions de tonnes de céréales pour subvenir aux besoins de la population.

La demande intérieure est au ralenti et l’investissement brut est depuis 2012 sur une pente descendante. Or ce sont précisément la demande et l’investissement qui devraient soutenir la croissance des secteurs non agricoles.

Dès fin janvier dernier, le Haut Commissariat au Plan marocain prévoyait une croissance économique nationale de seulement 1,3%, rejoignant ainsi la prévision la plus pessimiste avancée par le Centre Marocain de Conjoncture de 1,2%.

 

Hausse du chômage

Autre mauvaise nouvelle pour le gouvernement Benkirane, le premier trimestre 2016 marque une nouvelle augmentation du nombre de chômeurs, lesquels sont désormais 1,2 million. Avec 12 000 chômeurs de plus en ce début d’année, le taux de chômage progresse de 14,3% depuis le dernier trimestre 2015 et passe symboliquement la barre des deux chiffres, s’établissant à environ 10% de la population active d’après le HCP.

Cette évolution serait le fait d’une perte de 28 000 postes dans les campagnes due en partie aux difficultés actuelles du secteur agricole et partiellement compensée par une création de 15 000 emplois en ville. Les services et le BTP auraient quand même créé 6 000 et 10 000 postes sur la période.

Tendance à noter, le taux de chômage atteint désormais 23% chez les jeunes de 15 à 24 ans et progresse de manière alarmante chez les détenteurs de diplômes, s’établissant désormais à 17,5% pour ces derniers. Ces chiffres relancent le débat autour des « diplômés chômeurs » dans le pays : les lauréats des grandes écoles ne sont plus protégés par leurs diplômes puisque leur taux de chômage est passé de 5% en 2012 à 9,5% aujourd’hui, un chiffre qui avoisine désormais la moyenne nationale.

 

Des indicateurs macro qui relèvent le niveau

Malgré le peu d’enthousiasme que suscitent les statistiques avancées pour 2016, le Maroc devrait connaitre un rebond de sa croissance à 3,4% en 2017 d’après les dernières estimations de la Banque mondiale. Le gouvernement Benkirane a d’ores et déjà acté le ralentissement prévu par les institutions statistiques nationales et internationales et modifié sa loi de finances 2016, initialement basée sur une prévision de 3% de croissance.

En dépit d’une croissance en berne et d’un chômage en hausse, il faut retenir que la situation macro-économique du Maroc est particulièrement bonne. La Banque mondiale note que « les autorités ont montré un engagement notable dans l’ajustement fiscal, réduisant le déficit public durant trois années consécutives ». La baisse du prix du pétrole devrait permettre de compenser en partie les déficits agricoles. On observe déjà une réduction du déficit extérieur, un déficit budgétaire en recul (-3,5% cette année) et une inflation plutôt faible (1,5%).

A quelques mois des premières législatives depuis l’instauration de la nouvelle constitution marocaine en 2011, le gouvernement d’Abdel-Ilah Benkiran devra donc insister sur les indicateurs macro pour valoriser son bilan.

Expats français, les données clé

Qui sont les (nouveaux) expats français et que veulent-ils ?

Selon l’Insee, 80% des Français partis à l’étranger en 2013 avaient entre 18 et 29 ans, soit des jeunes en fin d’études ou en début de carrière. Leur départ pourrait être lié à un phénomène qui marque les plus jeunes depuis plusieurs années : la globalisation des études et du marché du travail. D’après Jean-Christophe Dumont, chef de la division des migrations internationales de l’OCDE, « les employeurs donnent la priorité aux candidats maîtrisant les langues étrangères et qui possèdent également une expérience à l’international ». Cette tendance acte « un changement majeur de comportements chez les jeunes générations » qui se traduit par une « nette accélération de leur mobilité ».

Les motivations individuelles à l’expatriation économique sont diverses et cumulatives : meilleures perspectives de salaires ou de conditions de travail, besoin d’enrichir son expérience par un passage à l’étranger, fiscalité attractive, plus grande responsabilité ou valorisation des compétences, environnement favorable à la création d’entreprise…

D’autres facteurs de départ mis en avant par une étude réalisée auprès des expats français par la CCI de Paris en 2014 étaient le chômage et la morosité du marché du travail en France. La structure de l’expatriation française a été durablement modifiée par les effets de la crise économique. Ainsi, cette étude note qu’environ 20% des expats français sont désormais affranchis des contrats d’expatriation et de détachement et leur préfèrent l’entrepreneuriat, contre quelques 10% 10 ans plus tôt.

 

Où vont les expats français ?

Le Ministère des Affaires Etrangères, qui prend en compte uniquement les Français enregistrés dans un consulat à l’étranger – soit environ la moitié des expatriés nationaux, estimait que le nombre de Français résidant à l’étranger aurait passé la barre du 1,5 million courant 2011. Fort d’une croissance de 3 à 4% par an depuis les 10 dernières années, leur nombre s’établirait aujourd’hui aux alentours des 2 millions.

Quand bien même ils sont nombreux, les expats français ne vont dans leur majorité pas très loin. La Suisse était encore leur destination de prédilection en 2015 puisqu’elle en accueillait 176 000 – contre 142 000 pour les Etats-Unis, leur seconde destination préférée. Le Royaume-Uni, la Belgique, l’Allemagne, l’Espagne et nos voisins helvètes accueillaient ensemble plus de 600 000 Français l’année dernière. En ce qui concerne des destinations comme la Suisse ou la Belgique, celles-ci sont particulièrement prisées par les frontaliers qui constituent le gros de leurs expatriés.

Près de la moitié des expats français résident dans un pays européen, que ce soit pour des raisons de proximité, de langue, de fiscalité ou bien un des effets de cinquante ans de construction européenne.

 

Emigration française, vers une fuite des cerveaux ?

On peut essayer de cerner ce phénomène tant décrié en analysant l’émigration des individus hautement qualifiés de plus de 25 ans. Comparativement au Royaume-Uni, à l’Allemagne, aux Pays-Bas, à la Suède et à l’Italie, la France affiche le plus faible taux d’émigration d’adultes hautement qualifiés. On peut donc considérer que le mouvement massif de fuite des talents tel qu’il est perçu en France est finalement bien relatif. Toutefois, l’émigration qualifiée continue à augmenter en France alors qu’elle régresse chez nos voisins depuis les dernières années. La tendance ne nous est plus si favorable.

La France voit partir parmi ses émigrés plus de jeunes en cours ou en fin de formation que ses voisins – probablement attirés par de meilleures perspectives en termes d’accès au marché du travail ou de création d’entreprise. Mais rassurez-vous, on n’en est pas encore au stade de l’hémorragie puisque les jeunes expats français reviennent généralement quand ils ont des enfants à soigner et à scolariser.

Pour l’instant, on ne dispose que d’estimations quant au nombre exact des expats français. D’ici les élections de l’année prochaine, l’inscription en ligne sur les listes consulaires devraient être possible, ce qui affinera les données.Cité dans Le Figaro, Hervé Heyraud, fondateur du Petit Journal, estime que « connaître les expatriés permettrait de mieux répondre à leurs besoins et maintenir le lien avec eux ». A voir défiler les divers candidats à la présidentielle de 2017 à Londres, où réside une forte communauté d’expats français, on peut effectivement se dire qu’une plus grande connaissance de nos expats est devenue un pré-requis, en économie comme en politique.

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