Pour l’observatoire de l’uberisation, ce phénomène équivaut à un changement rapide des rapports de force grâce au numérique. Ce serait « une lame de fond qui va petit à petit impacter tous les secteurs de l’économie traditionnelle ». Et en effet, l’uberisation est partout : dans le secteur des transports, de la musique, de l’hébergement mais aussi de la publicité ou encore de la santé. En reprenant les exemples présentés à l’université numérique du MEDEF qui a lieu en début mars, nous décortiquons les grands enjeux de ce phénomène.
Un nouveau modèle disruptif
Le concept fait peur aux entreprises qui voient se réduire comme peau de chagrin les domaines où leur intermédiaire était encore indispensable il y a 2 ans. En effet c’était Maurice Lévy, PDG de Publicis, qui utilisait ce terme le premier fin 2014 : « tout le monde commence à craindre de se faire ubériser ». Il témoignait ainsi de la peur des entreprises établies de voir leur secteur chamboulé par les nouveaux acteurs de l’économie numérique. Ce « tsunami numérique » a proprement bouleversé les circuits de distribution en court-circuitant les acteurs traditionnels.
Emblématique de cette nouvelle forme de révolution économique, la société californienne Uber a changé les codes du monde des transports. L’américain Transdev, qui prend en charge tous les types de mobilité du métro au vélo en passant par l’autopartage, le bus ou même le bateau, a lui-même été impacté par le phénomène Uber sur son offre de taxi. La société a pour ambition de s’intégrer aux nouvelles villes intelligentes en permettant aux citadins de coordonner leurs différents modes de transport.
Pour les entreprises déjà établies, il va falloir réagir, et réagir vite. Sanef, société française d’exploitation d’autoroutes, cherche à adopter un modèle en rupture en proposant des moyens de paiement simplifiés, unifiés et plus rapides aux péages « pour adapter les infrastructures et les équipements aux attentes et aux évolutions des comportements de [leurs] clients ».
Sur le marché européen des poids lourds, qui pèse 2 millions de véhicules, les enjeux sont conséquents. Or le fonctionnement actuel des bourses au fret est trop lourd, la vérification des disponibilités, des destinations et des prix est devenue inefficace car trop coûteuse en termes de temps et de ressources. C’est là que Chronotruck a décidé de venir mettre en relation transporteurs et expéditeurs afin d’éviter d’optimiser le temps et l’argent des entreprises de fret.
Plus d’attention à l’expérience des consommateurs
Les consommateurs de service sont de plus en plus attentifs à la qualité de la prestation et recherchent la meilleure expérience de consommation possible.
Dans le secteur de la restauration, la start-up parisienne Foodchéri surfe sur cette vague en proposant aux amateurs de cuisine de commander en ligne des petits plats de chefs à moindre coût. L’ambition du dirigeant, Patrick Asdaghi, est de fournir mille repas par semaine aux Parisiens pour moins de 10€. Il s’agit non pas de miser le succès de l’entreprise sur la communication mais de se focaliser sur la qualité du service rendu au client, c’est-à-dire l’investissement en cuisine et la couverture géographique. C’est le bouche à oreille qui va permettre à la start-up de se faire connaître et un indicateur sera particulièrement mesuré et suivi : le net promoteur score (NPS) qui mesure l’accumulation nette des recommandations du service.
Pour toutes ces entreprises qui se lancent dans l’aventure de l’uberisation, il s’agit de maitriser toutes les potentialités offertes par les domaines du digital, des nouvelles technologies et de l’innovation numérique. Les nouvelles sociétés emblématiques de l’uberisation misent sur le « tout numérique », en rupture avec le « tout salarial » qui caractérisait les marchés jusqu’à présent. Elles ont bien saisi le besoin d’indépendance des individus qui revendiquent une nouvelle forme de liberté dans leur façon de consommer et d’échanger des services. Pour ça, rien de plus cohérent que d’offrir aux consommateurs la possibilité de choisir des services à la carte, depuis leur domicile et en quelques clics.