Après les publications peu enthousiastes du FMI et de l’OCDE en termes de croissance mondiale, c’est au tour de la Banque mondiale de réviser ses perspectives économiques en ce qui concerne le Maroc. La croissance du royaume ne devrait pas dépasser plus de 1,6% en 2016. Par ailleurs, le chômage continue d’augmenter dans le royaume, en particulier chez les jeunes et les diplômés.
Croissance en berne
Le Maroc, contrairement aux prévisions initiales avoisinant les 3% de croissance, ne devrait pas bénéficier de plus d’1,6% de croissance cette année selon les statistiques avancées par la Banque mondiale, faisant ainsi la troisième pire performance économique de la zone MENA (Moyen-Orient et Afrique du Nord) après le Koweït et Oman. Les raisons de ce recul prévisionnel avancées par l’institution sont notamment une mauvaise année agricole, un certain recul des exportations dû à la morosité économique de la zone euro ou encore le manque de vigueur global de l’économie mondiale et ses effets sur le secteur du tourisme.
L’activité agricole marocaine particulièrement a connu un fort recul en raison du manque de pluies. L’industrie céréalière est en berne cette année et le Maroc va devoir importer des millions de tonnes de céréales pour subvenir aux besoins de la population.
La demande intérieure est au ralenti et l’investissement brut est depuis 2012 sur une pente descendante. Or ce sont précisément la demande et l’investissement qui devraient soutenir la croissance des secteurs non agricoles.
Dès fin janvier dernier, le Haut Commissariat au Plan marocain prévoyait une croissance économique nationale de seulement 1,3%, rejoignant ainsi la prévision la plus pessimiste avancée par le Centre Marocain de Conjoncture de 1,2%.
Hausse du chômage
Autre mauvaise nouvelle pour le gouvernement Benkirane, le premier trimestre 2016 marque une nouvelle augmentation du nombre de chômeurs, lesquels sont désormais 1,2 million. Avec 12 000 chômeurs de plus en ce début d’année, le taux de chômage progresse de 14,3% depuis le dernier trimestre 2015 et passe symboliquement la barre des deux chiffres, s’établissant à environ 10% de la population active d’après le HCP.
Cette évolution serait le fait d’une perte de 28 000 postes dans les campagnes due en partie aux difficultés actuelles du secteur agricole et partiellement compensée par une création de 15 000 emplois en ville. Les services et le BTP auraient quand même créé 6 000 et 10 000 postes sur la période.
Tendance à noter, le taux de chômage atteint désormais 23% chez les jeunes de 15 à 24 ans et progresse de manière alarmante chez les détenteurs de diplômes, s’établissant désormais à 17,5% pour ces derniers. Ces chiffres relancent le débat autour des « diplômés chômeurs » dans le pays : les lauréats des grandes écoles ne sont plus protégés par leurs diplômes puisque leur taux de chômage est passé de 5% en 2012 à 9,5% aujourd’hui, un chiffre qui avoisine désormais la moyenne nationale.
Des indicateurs macro qui relèvent le niveau
Malgré le peu d’enthousiasme que suscitent les statistiques avancées pour 2016, le Maroc devrait connaitre un rebond de sa croissance à 3,4% en 2017 d’après les dernières estimations de la Banque mondiale. Le gouvernement Benkirane a d’ores et déjà acté le ralentissement prévu par les institutions statistiques nationales et internationales et modifié sa loi de finances 2016, initialement basée sur une prévision de 3% de croissance.
En dépit d’une croissance en berne et d’un chômage en hausse, il faut retenir que la situation macro-économique du Maroc est particulièrement bonne. La Banque mondiale note que « les autorités ont montré un engagement notable dans l’ajustement fiscal, réduisant le déficit public durant trois années consécutives ». La baisse du prix du pétrole devrait permettre de compenser en partie les déficits agricoles. On observe déjà une réduction du déficit extérieur, un déficit budgétaire en recul (-3,5% cette année) et une inflation plutôt faible (1,5%).
A quelques mois des premières législatives depuis l’instauration de la nouvelle constitution marocaine en 2011, le gouvernement d’Abdel-Ilah Benkiran devra donc insister sur les indicateurs macro pour valoriser son bilan.