En décembre dernier, le Maroc s’était illustré à la COP 21 parisienne par ses objectifs ambitieux et son rôle de chef de file africain en termes d’énergies renouvelables. La semaine dernière, le roi a annoncé le début de l’exploitation de Noor 1, première phase de la centrale solaire de Noor située à Ouarzazate. Celle-ci devrait faire la taille de Rabat et pouvoir produire de l’électricité pour 1,1 million de personnes d’ici deux ans, quand Noor 2 et Noor 3 seront en phase d’exploitation.
Un potentiel considérable
Le Maroc est un pays extrêmement favorable à l’implantation des énergies renouvelables. Tout d’abord le solaire, puisque le soleil illumine le pays à hauteur de 300 jours par an. Ensuite l’éolien avec des vents d’en moyenne 9 mètres par seconde et de 40 mètres de hauteur, voire plus en ce qui concerne les zones littorales. Aussi, l’hydroélectrique grâce à ses importantes ressources en eau ou bien la biomasse avec ses 9 millions d’hectares de forêts.
De même, le royaume a instauré un environnement politique et institutionnel en adéquation avec le secteur des énergies renouvelables. Le pays s’est lancé pour ambition de voir son mix énergétique se tourner vers ces dernières de manière à atteindre 42% du parc énergétique à la faveur de sa politique « énergies propres ». Pour Massolia, communauté en ligne dédiée à l’énergie verte et à l’environnement au Maroc et en Afrique, « Le réseau multi-sites de centrales solaires multi-technologies Noor, devra produire une capacité minimum de 2000 MW d’ici 2020. L’ambition rehaussée du Maroc porte la part des énergies renouvelables à 52 % de la puissance installée à horizon 2030, positionnant le Royaume à l’avant-garde de la lutte contre le changement climatique ».
Une législation en faveur des énergies renouvelables
Pour cela, le gouvernement a mis en place des législations qui favorisent les énergies renouvelables ainsi que des institutions qui les gèrent et les recensent. Le gouvernement met également à disposition des investisseurs et opérateurs des outils qui facilitent leur intégration industrielle (capital humain, infrastructures et incitations).
La loi 13-09 instaurée début 2010 a permis au Maroc de libéraliser la production et la commercialisation des renouvelables vers les industriels. Elle induit une répartition des rôles entre les opérateurs, chargés de l’implantation des éoliennes et de la prospection des clients, et l’Office Nationale d’Electricité et d’Eau potable, qui gère l’acheminement de l’électricité.
Pour les projets non industriels, c’est la procédure classique de l’appel d’offre qui prévaut comme ça a été le cas pour le parc éolien de Tarfaya (voir ci-dessous). Ici, l’ONEE rachète l’électricité produite à un prix défini à moyen terme (environ 20 ans) : dans ce cas, on répartit les risques entre l’opérateur qui gère les coûts induits par la maintenance et la variabilité des conditions climatiques et l’ONEE qui assume les coûts financiers.
Solaire et éolien prévalent
Le solaire est la source d’énergie renouvelable la plus importante au Maroc et représente un potentiel considérable pour les régions reculées mal approvisionnées et mal desservies en capacité de production électrique. Le projet marocain de l’énergie solaire a été lancé en 2009 sur cinq sites pour permettre une capacité de production de 2000 mégawatts d’ici 2020, ce qui devrait permettre au pays d’économiser à terme 1 million de tonnes de combustibles équivalent pétrole soit 500 à 700 millions de $ par an.
D’autres projets ont été mis au point grâce au solaire, notamment avec l’instauration de subventions aux petits et moyens agriculteurs pour qu’ils puissent s’équiper de pompes à eau fonctionnant à l’électricité produite par les panneaux solaires afin d’économiser à la fois l’eau et l’énergie.
L’éolien est également largement mis à contribution par le gouvernement marocain. Le plus grand parc éolien d’Afrique a été construit par Nareva et le français Engie (anciennement GDF-Suez) à Tarfaya, dans le sud du pays. Les plus grandes éoliennes jamais construites par le danois Siemens s’élèvent aujourd’hui en plein désert et sont capables de fournir l’électricité de toute une ville d’1,5 million d’habitants. Le parc éolien s’étend sur 17 kms de long et 6 kms de large. L’exploitation a démarré début 2015 et une cinquantaine des 700 techniciens et ingénieurs marocains employés pendant la construction du parc y travaille toujours.
Il y aurait actuellement plus de 1 000 MW de capacité éolienne installée sur l’ensemble du royaume d’après Abdellatif El Ghali, directeur de l’exploitation de Tarfaya, et le Maroc voudrait doubler celle-ci d’ici 2020. Le gouvernement travaille d’ailleurs sur l’installation de cinq fermes éoliennes d’une capacité cumulée de 850 MW à Tanger, Tiskrad, Boujdour, Essaouira et Taza.
Au Maroc, les conditions d’implantation d’éoliennes sont idéales : le vent permettrait de les faire tourner 45% du temps contre seulement 20% en France ! Qui plus est, les démarches administratives sont bien moins contraignantes et les recours des riverains sont bien plus rares. En effet, les éoliennes sont installées sur de grandes surfaces vierges isolées et que les villages alentour profitent des nouvelles routes qui viennent désenclaver les sites.