Vendredi 13 janvier dernier a eu lieu l’ouverture du sommet Afrique-France accueilli par le président malien Ibrahim Boubacar Keïta à Bamako. Ce ne sont pas moins de 35 chefs d’Etat qui ont répondu présent pour le dernier grand rendez-vous du président Hollande sur le continent africain.
Le Mali, un point important pour le dernier quinquennat français
François Hollande effectue sa dernière visite planifiée sur le continent africain avant la fin de son mandat en mai prochain. L’occasion pour lui de « livrer son testament politique » à l’adresse de l’Afrique, où dès 2013 il s’était engagé dans deux opérations militaires d’envergure au Mali et en République centrafricaine.
Quatre ans après le lancement de l’opération Serval qui visaient à chasser les jihadistes du centre du Mali, le président français s’est rendu pour la première fois sur la base militaire de Gao pour rendre un hommage symbolique au « jour le plus important de sa vie politique ». Mais la menace jihadiste n’a toujours pas été complètement écartée du Mali : ce week-end les forces de sécurité de Bamako étaient sur le qui-vive dans la crainte d’un nouvel attentat après celui perpétré contre l’hôtel Radisson Blu en novembre 2015 qui avait fait 20 morts.
La volonté de démocratisation progresse en Afrique
L’un des principaux sujets du sommet devrait être les questions de respect des Constitutions. Dans certains pays africains, il est courant que les chefs d’Etat tentent de se maintenir au pouvoir même une fois dépassé le nombre maximal de mandats accordé par la loi. C’est notamment le cas de Yahya Jammeh, président gambien sortant, qui réfute les résultats du dernier scrutin de décembre et ne veut pas céder le pouvoir à son successeur élu, Adama Barrow, qui, lui, était invité et présent ce week-end à Bamako.
La volonté de démocratisation en Afrique progresse, et la question de la transparence des processus électoraux devraient également dominer le sommet.
Un enjeu caché du sommet : la course à la présidence de la commission de l’Union Africaine
A noter que l’élection pour la présidence de la commission de l’Union africaine aura lieu dans quelques jours. Un enjeu officieux de ce sommet qui fait beaucoup de remous en coulisses. En juillet dernier, aucun des trois candidats présentés pour prendre la tête de l’UA n’avait fait consensus et les élections avaient alors été repoussées aux 30 et 31 janvier prochains à Addis-Abeba avec une liste de candidatures réouverte.
RFI Afrique retient l’entrée en lice de trois personnalités en particulier : l’ancien ministre et diplomate sénégalais, Abdoulaye Bathily, la ministre des Affaires étrangères kényane Amina Mohamed ainsi que son homologue tchadien Moussa Faki. Ceux-ci sont d’ailleurs accompagnés au sommet France-Afrique de ce week-end par des délégations renforcées : la délégation kenyane par exemple ne compte pas moins de 90 membres.
La France réitère son engagement sur le continent africain
En ce qui concerne les capacités de défense des pays africains, les préoccupations de sécurité étaient au centre des discussions de la conférence des ministres des Affaires étrangères vendredi. Un projet de déclaration devrait être soumis aux chefs d’Etat mettant l’accent « sur les problèmes africains et sur les solutions également africaines » ainsi que sur le « partenariat franco-africain ».
En décembre 2013, la France s’était engagée lors du sommet de l’Elysée pour la paix et la sécurité en Afrique à former 20 000 militaires africains par an. D’après Paris, l’objectif a été atteint et dépassé : ils sont aujourd’hui 65 000, soit plus de 21 500 par an en moyenne. La France compte reformuler son engagement à Bamako, pour passer à 25 000 militaires formés par an.
Concernant le développement, la France ambitionne là encore de gonfler son engagement en passant d’un soutien de quatre milliards d’euros par an, via l’Agence française de développement (AFD), sous forme de prêts et de dons, à cinq milliards par an d’ici à 2019. François Hollande souhaite aussi lancer un Fonds d’investissement franco-africain de 76 millions d’euros sur 10 ans.