L’emploi est un sujet majeur pour l’évolution de la région Euro-Méditerranée. Les pays du sud de la Méditerranée devront créer un nombre sans précédent d’emplois décents dans les prochaines années pour absorber le nombre considérable de nouveaux entrants sur les marchés du travail ainsi que tous les jeunes inactifs tout en développant la participation féminine à l’activité économique.
Pour la rive nord de la Mare nostrum, le défi est complétement différent : elle devra maintenir sa dynamique économique et de création d’emplois alors même que le nombre d’actifs va baisser.
Pour les pays des Balkans, actuellement dans une situation mixte, on peut les classer à la fois comme proches des pays sud-méditerranéens par leur activité et proches des pays européens par leurs perspectives démographiques.
Une croissance économique qui a du mal à créer des emplois
La capacité de l’ensemble de ces pays à créer des emplois va dépendre de la nature et du rythme de leur croissance. Pour que la croissance économique soit présente et génère des emplois, les économies doivent être bien dotées en facteurs de production (capital physique et capital humain) et/ou performantes. Or en Méditerranée, la dynamique de l’emploi est grevée par un faible apport des économies à la productivité globale des facteurs et par un secteur informel conséquent.
Miser sur la formation du capital humain
L’un des moteurs de la dynamique de l’emploi dans la région Euro-Méditerranée sera évidemment la formation du capital humain. L’éducation est une clé de l’évolution du marché de l’emploi dans la région mais son retour sur investissement est actuellement trop faible. C’est pourquoi on doit également investir sur ceux qui sont déjà hors du système éducatif et qui ont par exemple pris le chemin du secteur informel. La formation professionnelle et la formation continue seront donc elles aussi au cœur des changements à venir.
Répondre ensemble aux besoins des marchés du travail européens et sud-méditerranéens
Cette infographie reprend les 3 scénarios développés par l’Institut de Prospective Economique du Monde Méditerranéen (IPEMED) sur l’évolution de l’emploi en zone Euro-Méditerranée à l’horizon 2030. En combinant les scénarios développés, l’Europe connaitra un taux de chômage aux alentours de 6%. Même le scénario de crise ne présente pas d’effets trop lourds sur l’emploi pour les pays de la rive nord de la Méditerranée.
Pour ceux de la rive sud, les choses sont tout à fait différentes. Au mieux, le taux de chômage sera aux environs de 7,7% mais les actifs représenteront juste la majorité de la population (53,2%) alors qu’ils pourraient bien n’être que 42,8% en cas de crise. Au début des années 2000, le taux d’activité globale des populations algériennes, tunisiennes et marocaines étaient en moyenne de 47%, 53% juste pour le Maroc. Ces taux d’activité plutôt faible pour la période étaient surtout affectés par la très faible féminisation de l’activité : respectivement 17,1%, 26,8% et 23,8% en Algérie, au Maroc et en Tunisie d’après les chiffres des sites nationaux de statistiques.
Une solution pour remplir les défis respectivement rencontrés par l’Europe et les pays sud-méditerranéens serait la migration de la main d’œuvre. Mais les impacts de cette possibilité restent assez difficiles à prédire à l’horizon 2030. Une meilleure coopération des marchés du travail entre les deux rives de la Méditerranée se pose en tout cas comme l’une des clés pour assurer un développement harmonieux à la région, comme notre réseau professionnel Convergence le défend.