La réalisation d’infrastructures collectives en Afrique doit se poursuivre après la crise du COVID-19. La mobilisation de capitaux privés par les puissances publiques dans le cadre des Partenariats Public-Privé (PPP) est une solution vertueuse et saine pour relever le défi du financement des infrastructures.
Le déficit de compétitivité de nombre de pays africains, est pour beaucoup à l’origine des difficultés économiques structurelles actuelles. Cela suppose qu’un effort continu d’investissement dans les infrastructures économiques et sociales soit maintenu au sortir de la crise du Covid-19.
Pour être en mesure d’apporter des réponses efficientes en termes d’infrastructures collectives dans un contexte également marqué par une crise des finances publiques post-Covid19, la puissance publique devra recourir à la mobilisation de financements privés à travers des montages en partenariat public-privé, qu’il s’agisse-en droit OHADA- de délégations de service public ou de contrats de partenariat.
Indépendamment de cette nécessité économique, plusieurs caractéristiques propres à ce mode de mise en œuvre des projets publics lui confèrent une indéniable valeur pédagogique :
– Il oblige ex ante les nombreux acteurs de tout projet d’équipement public à mettre « à plat » l’ensemble de la structure du projet, pour éviter de mauvaises surprises en cours d’opération. Par conséquent, cette manière de faire permet de poser les bonnes questions dès le départ : soutenabilité budgétaire pour la personne publique, identification et répartition efficace des risques entre intervenants, etc.
– Par ailleurs, le mode opératoire va dans le sens du développement durable et d’une efficacité accrue de la commande publique, car il participe d’une mission globale de long terme intégrant la conception, la réalisation, le financement et l’entretien de l’ouvrage qui autorise une meilleure pérennité de celui-ci, et une forte prise en compte de la performance attendue.
– Enfin, l’évaluation préalable – qui est le prérequis du recours au contrat de partenariat – permet de disposer, dès le début de l’opération, d’une bonne visibilité sur le « coût global de possession » de l’infrastructure dans la durée, contrairement aux modes de la commande publique. Certains élus commencent à percevoir l’intérêt de cette logique, dans une période où ils doivent, plus que jamais, effectuer une rigoureuse planification budgétaire.
Le Partenariat Public-Privé (PPP) instaure une logique vertueuse, en amont, en contraignant les personnes publiques à l’anticipation et à la structuration accrue de leurs projets et, en aval, en garantissant une bonne durabilité des équipements et un pilotage de la performance. Ceci explique sans doute l’effet de diffusion de certains outils et bonnes pratiques de structuration des PPP à la maîtrise d’ouvrage publique directe ou bien la création de nouvelles formes de marchés publics s’inspirant de l’approche globale mise en œuvre en PPP, comme les récents marchés globaux de conception-réalisation-exploitation-maintenance (CREM).
Plus que jamais, il est donc nécessaire, pour les décideurs publics, de se donner les moyens de comprendre et de s’approprier ces montages complexes.
Pour Convergence
Jéhu NDOUMI
Ingénieur de conception et Économètre-Statisticien diplômé de 3ème cycle, Doctorant en Économie mathématique de l’Énergie. Il est actuellement Président de la holding internationale NetOil présent en Afrique, en France , Belgique et au Royaume-Uni.
Il est un spécialiste des montages structurés et des opérations financières complexes : investissement dans le non coté, Risk Management & Private Equity. Impliqué sur le continent Africain, il développe de nouvelles voies pour faciliter l’arrivée de capitaux sur les grands projets dans les secteurs de l’énergie, du transport, de l’environnement ou des communications électroniques.
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