Avoir une culture commune est un levier pour le développement de l’économie. Le développement des échanges entre pays est directement influencé par une appartenance culturelle commune. comme le montre le développement du commerce au sein du Commonwealth. En Afrique, les pays de la francophonie partagent une culture commune qui sert le développement des affaires.
J’étais à l’écoute de l’ancien Premier Ministre du Bénin, Lionnel Zinsou, excellent orateur, quand sa voix percuta et s’enroua sur les difficultés rencontrées par le Maroc dans son développement économique. Jusqu’alors ce pays était donné comme un exemple au continent africain dans sa croissance et sa gouvernance, mais soudain il était énoncé qu’il avait « des difficultés pour trouver des ressources humaines francophones », et que « pour avoir une croissance favorable il fallait posséder un peuple avec une formation culturelle ».
Ainsi il était exprimé que tout développement économique nécessite des acteurs possédant une culture générale suffisante (la francophonie dans ce cas) plus une formation à un métier.
L’ancien Premier Ministre ajoutait que les français avaient une certaine frilosité et que le continent africain commençait malheureusement pour la francophonie à se tourner vers la Chine et les Anglos- saxons.
Il est donc affirmé que le développement économique dépend aussi de la culture de la population (éducation et formation) avec son émergence dans les infrastructures sociales, éducatives et entrepreneuriales.
Les deux piliers « culture et économie » sont les fondements pour l’essor d’un pays, d’un continent.
Mais quelle culture est la plus adaptée, pourrait-on s’interroger ?
Que veut dire culture pour le continent africain, et en général. La culture est « ce tout complexe qui comprend les savoirs, les croyances, l’art, la morale, la coutume et toute capacité ou habitude acquise par l’homme en tant que membre de la société » dit Lévi-Strauss.
Ainsi on s’aperçoit qu’il ne suffit pas d’avoir dans l’échange la même langue mais que la religion, la coutume, et les modes d’expression artistiques, ainsi qu’une morale, sont nécessaires pour que la « culture » soit particulièrement favorable au développement économique. Le mot «culture» vient du latin « cultura » qui se rapporte à « habiter », « cultiver », ou « honorer ». Au sens le plus large, la culture se réfère, en général, à l’activité humaine dans un espace donné. Elle est donc le résultat d’une interaction humaine. Il est nommé « culture » ce que les gens utilisent pour interpréter les situations et créer une attitude sociale. Cette connaissance forme des valeurs et influence le comportement.
Pour le Maroc, la culture serait arabo-francophone, et les pays francophones du continents africains qui sont au nombre de 31 lui ouvre un marché considérable. Le Maroc avec Tanger devient la plaque tournante ou hub (en anglais) du continent africain. Le français d’Afrique est le nom générique des types de français parlés par plus de 130 millions d’Africains dans 31 pays d’Afrique francophone. L’Afrique compte 54 pays. Parmi ces 31 pays sont ceux qui parlent le français comme première ou deuxième langue d’Afrique francophone mais il ne comprend pas les francophones vivants hors d’Afrique francophone et qui sont très nombreux.
L’Afrique est ainsi le continent avec le plus de locuteurs du français dans le monde. Le français est arrivé en Afrique avec la colonisation par la France et par la Belgique. Ces francophones d’Afrique forment maintenant la partie la plus importante de la Francophonie.
Parler la même langue est un remarquable levier dans les échanges marchands et en conséquence dans le développement économique. Cependant l’Afrique annonce qu’elle doit faire confiance à l’Afrique, c’est-à-dire que les entreprises de même culture qui vont se développer en Afrique sont celles qui apporteront les technologies avec les produits. Ainsi le Maroc devient actuellement l’initiateur du commerce entre pays francophones de l’Afrique. Les études montrent en effet que ne pas parler la même langue représente l’équivalent d’une taxe de 7% sur les transactions commerciales du fait notamment des couts de transactions induits par l’hétérogénéité des références linguistiques , culturelles, juridiques.
D’où cette notion de savoir dans la même culture. Les français, il est vrai, comme le précise Monsieur Kako Nubukpo, ancien ministre de la Prospective et de l’Evaluation des Politiques Publiques du Togo, pensent que « parler d’économie en francophonie, c’est lever un interdit, presque comme si l’on enfreignait une règle non écrite ». La francophonie est transformée en communauté de valeurs morales et des arts que toute activité de nature marchande ne saurait profaner. En effet à l’OIF, ajoute l’ancien ministre, il est indécent de parler d’autres choses que de culture. Le président français actuel décide enfin que l’augmentation de la contribution française en matière d’Aide Publique au Développement (APD) devient un engagement présidentiel, visant à bâtir une nouvelle politique partenariale qui doit être tournée vers la jeunesse, en particulier celle du continent africain. Cependant l’objectif du quinquennat d’ici 2022 n’est que de consacrer 0,55 % du revenu national brut français à l’APD (Agence française pour le développement) pour l’ensemble de la Francophonie.
Quand on compare les échanges commerciaux de l’Angleterre avec l’Afrique anglophone qui représente cinq cent millions de personnes, on trouve un pragmatisme que les français ne possèdent pas. Theresa May a affirmé vouloir que « le Royaume-Uni devienne le premier investisseur des pays du G7 en Afrique d’ici à 2022 ». Il s’agit d’un retour exclusivement axé sur les échanges commerciaux, car la relation entre son pays et l’Afrique a été forgée par d’autres éléments comme « l’aide au développement ». La France ne l’avait pas envisagé ainsi. C’est d’ailleurs un des premiers sujets qu’a évoqué la Première ministre dans son discours au Cap. L’engagement du Royaume-Uni en ce sens, qui s’élève à 0,7 % du revenu national brut depuis plus d’une décennie, est toujours sujet à débats dans le pays. Les gouvernements successifs ont souvent dû défendre ces fonds devant les contribuables britanniques. Si l’augmentation des exportations contribue également à la création d’entreprises et à l’établissement de nouvelles infrastructures, alors le bénéfice n’en sera évidemment que plus grand pour ces pays.
La coopération à venir semble privilégier en priorité les pays anglophones du continent.
Les échanges de l’Angleterre avec les pays anglophones pour Marc Sidwell, (écrivain, journaliste) seront faciles et évidents après le Brexit : « Nous avons en commun une langue, une culture, un système juridique, des valeurs fondées sur les libertés individuelles et l’économie de marché. Nos institutions politiques démocratiques sont très similaires, et nos niveaux de développement économique sont équivalents ; ce qui permettra des relations équilibrées. » Il parlait bien évidemment de l’Australie et la Nouvelle Zélande mais il n’oubliait pas le Nigéria qui est le pays le plus peuplé d’Afrique. Il table sur l’émergence d’un ensemble vaste et prospère, capable de s’imposer sur la scène mondiale.
Voici un exemple frappant de l’importance de la culture sous ses aspects du quotidien.
Ces deux types d’aide au développement en Afrique montrent deux approches de la culture associée au business. Lorsque les deux aspects de la société, la culture et le monde des affaires, interagissent, cela conduit à la création de conditions ou de situations séduisantes pour la création de partenariat.
Si certaines cultures se rejoignent avec des affaires comme seule base, il y a souvent des conflits. Mais heureusement, cette situation permet d’adapter et d’apprendre à réagir également dans toutes les situations.
Différentes communautés ou pays du monde ont des comportements et des formes différents. La manière de percevoir et de résoudre un problème peut changer d’un pays à l’autre et cela dans le monde entier.
La culture et le commerce international sont donc indiscutablement liés.
Selon différents théoriciens de la culture, il est possible d’énumérer les caractéristiques suivantes de ce lien.
– L’appris. La culture n’est pas génétique. Elle s’obtient par instruction et expérience.
– Le partage. Dans un peuple ou une société, les gens partagent une culture. Ce partage est étendu à tous ceux qui parlent la même langue. La même religion, la même morale le facilitent. La culture a une structure ; un changement d’une seule partie apporte des changements dans un ou plusieurs éléments culturels.
La culture peut être transmise d’une génération à l’autre. Dans nos sociétés occidentales les ancêtres ont peu d’importance mais ils en ont beaucoup dans les sociétés africaines.
– L’allégorique. La culture est basée sur la faculté de l’homme à conceptualiser ou à utiliser un élément pour en représenter un autre.
– L’inductible. La culture repose sur la capacité humaine à changer ou à s’adapter.
La «culture» forme donc une catégorie de langage, de normes et de valeurs, de croyances, de coutumes, de comportements, d’attitudes. La culture varie et change selon les pays, par exemple la langue ou la manière de saluer les gens et les gestes sont différents. De plus, la religion, l’art, les habitudes alimentaires et les boissons font également partie de la définition de la culture.
Au sens large, la culture englobe les concepts de système éducatif, d’art, de sport, de formation matérielle et de mode de vie.
Enfin, le comportement dans une entreprise doit être adapté aux différentes cultures. Que ce soit pour un salarié ou une relation de partenariat.
Il existe de nombreuses cultures très différentes dans le monde, c’est pourquoi il est essentiel de comprendre l’impact de la culture sur le comportement des entreprises internationales. Si les mandataires internationaux ignorent la culture des pays avec lesquels ils traitent, l’objectif de développement économique par l’échange peut être difficile à atteindre.
Les entreprises doivent aujourd’hui faire face à la diversité culturelle non seulement au niveau international mais aussi au sein de leurs organisations. De plus, si les entrepreneurs et les pays veulent rentabiliser les opportunités et les aubaines offertes par l’économie mondiale, ils doivent s’assurer que leurs représentants ont une compétence transculturelle suffisante.
Les recherches actuelles indiquent que de nombreuses entreprises n’ont pas encore réussi à cet égard. En effet, il en existe de nombreuses qui continuent à ne pas prendre en compte ces aspects. Un exemple : IKEA souhaitait ouvrir des magasins aux États-Unis, mais les clients américains jugeaient que le mobilier avait une définition pour des appartements trop petits par rapport à leur existant et qu’il n’était pas durable. L’édification de la chaine aux E.U a donc été une catastrophe.
La religion musulmane qui est particulièrement étendue sur le continent Africain favorise les échanges entre pays et notamment avec le Maroc qui joue un rôle de premier plan en Afrique. On peut imaginer que banque AWB a pu s’étendre rapidement, en Côte d’Ivoire, au Sénégal et pour finir par proximité avec le Cameroun en s’appuyant sur sa proximité culturelle avec ces pays.
Un autre obstacle s’élève aussi maintenant dans le partenariat d’entreprises de cultures différentes. La « culture d’entreprise » ou la « culture business » qui constitue, en particulier dans l’espace privé mondialisé, une culture caractéristique au monde des affaires, solidement influencée par le monde anglo-saxon, habituel dans une certaine mesure aux professionnels des pays occidentaux.
Ces derniers partagent donc des comportements, des modes de communication et des valeurs propres à cette culture business qui s’est développée au sein des organisations avec la mondialisation des échanges commerciaux. Le partenariat devient ainsi plus difficile car la culture d’entreprise est basée sur la performance et l’élimination des concurrents. C’est pourquoi les groupes mondiaux préfèrent s’installer sur place que s’allier avec une entreprise autochtone. Cette solution vient en contradiction souvent avec le sentiment national ou continental.
A l’heure où les inégalités s’accroissent et où l’insécurité s’affirme objectivement comme une tendance lourde, la recherche de solutions par la culture commune permettant d’assurer la stabilité devient un impératif, sinon une urgence absolue.
Pour Convergence
Louis BACHOUD
Ingénieur Arts et Métiers, Ingénieur Mécanicien de la Marine, Architecte, Urbaniste, Louis BACHOUD a été professeur au Centre d’étude et de formation des assistants techniques du commerce (CCI), Chargé de cours à l’Université Robert Schumann à Strasbourg et professeur à l’Association Française d’Eclairage. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages portant sur la culture et le développement économique aux éditions Valensin.
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