Le gouvernement libyen d’union nationale (GNA) tente désespérément de relancer les exportations de pétrole du pays pour relancer une économie nationale à l’agonie. Si la Libye possède les plus importantes réserves pétrolières en Afrique (estimées à 48 milliards de barils), c’est aussi le pays de l’OPEP qui produit actuellement le moins de pétrole.
La production de pétrole brut a été divisée par cinq depuis 2010, passant de quelques 1,5 million de barils par jour à seulement 300 000. Les revenus pétroliers du pays ont également fondu passant de 45 à 50 milliards de dollars en 2010 à maximum 4 milliards cette année.
La grande majorité des terminaux pétroliers libyens sur la Méditerranée sont bloqués depuis des années par la milice des Gardes des installations pétrolières (GIP) qui défient régulièrement le pouvoir. Le blocus génère une perte de 30 millions de dollars par jour au pays d’après la Compagnie nationale libyenne de pétrole (NOC). Sans compter que les attaques répétées de l’Etat Islamique en Libye endommagent encore plus le secteur.
Néanmoins, le GNA a pu trouver un accord avec les Gardes du GIP fin juillet dernier pour rouvrir deux importants terminaux basés à Ras Lanouf et al-Sedra, à 650 kilomètres à l’est de Tripoli. La reprise des exportations annoncée début août par la NOC risque par contre de prendre du temps à cause des travaux de réparation des installations endommagées par l’EI.
Les autorités parallèles basées dans l’Est pourraient également contrecarrer les objectifs du GNA. L’armée nationale libyenne, qui appuie le gouvernement de Tobrouk, ne reconnait toujours pas la légitimité du GNA basé à Tripoli. Elle estime que l’accord doit être validé par les autorités de l’est.
Pour autant, la reprise de la ville de Syrte au centre-nord de la Libye annoncée par les forces du GNA dimanche 14 août constitue une avancée pour Tripoli. La ville était aux mains de l’EI depuis juin 2015, à seulement 300 kms des côtes européennes. Les bombardements aériens américains lancés depuis le 1er août dernier ont permis aux forces du GNA de chasser les jihadistes du centre-ville.
C’est aussi une bonne nouvelle pour les pays européens. La France, l’Allemagne, l’Espagne, les Etats-Unis, l’Italie et le Royaume-Uni ont publiés ce mois-ci une déclaration commune pour exprimer leurs préoccupations « face à la tension croissante signalée près du terminal pétrolier de Zueitina sur la côte centrale de la Libye ». Ils soutiennent le que « le contrôle de toutes les installations doit revenir sans condition préalable, sans réserve ni délai aux mains des autorités nationales légitimes reconnues comme telles par la résolution 2259 (2015) du conseil de sécurité des Nations unies », c’est-à-dire le GNA de Tripoli.
Toujours est-il que « la Libye ne pourra pas recommencer à exporter son pétrole […] avant de rétablir la sécurité […] grâce à un exécutif fort et une armée qui étendra son autorité sur tout le territoire », note un expert libyen du secteur énergétique cité par l’AFP.