En décembre 2014, le Maroc obtenait l’organisation de la 22e Conférence des Parties à la Convention sur les Changements Climatiques qui aura lieu fin 2016, soit 15 ans après la COP 7 qui s’était tenue à Marrakech. Hakima El Haite, ministre déléguée en charge de l’environnement et chef de file de la délégation marocaine à la COP 20, déclarait à l’occasion que « la COP de Paris est celle des décisions », tandis que la COP 22 serait « la Conférence de l’action ».
Le Maroc, un « modèle de développement durable » pour ses pairs
Artisan d’une lutte de longue haleine contre les changements climatiques, entamée dans les années 1960 avec la politique des barrages, suivie de celles de l’eau et de l’agriculture puis du tournant de l’énergie pris en 2008, le Maroc veut devenir un « modèle de développement durable » pour les pays en développement.
Le pays se doit donc d’être dynamique en matière de questions environnementales c’est pourquoi il a publié en juin dernier sa contribution nationale à la COP 21 qui se tient en ce moment à Paris. Le royaume s’est engagé à réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 13% d’ici 2030, et estime pouvoir pousser ce chiffre à 32% sous réserve d’un appui financier international suffisant. C’est la première fois que le pays s’engage formellement à réduire son impact environnemental et pour Nicolas Hulot, envoyé spécial du Président de la République pour la protection de la planète, le Maroc se montre « assez ambitieux ».
Les enjeux de la COP 22 pour le Maroc
Le pays a estimé avoir besoin de 45 milliards de $ entre 2015 et 2030 pour tenir son engagement : 10 milliards seront alloués par l’Etat marocain tandis que plus des trois quarts du budget global devraient venir de soutiens de la communauté internationale. Tout l’enjeu de la COP 21 pour le Maroc va donc être de permettre la signature d’un accord contraignant visant à pousser les pays développés à financer les projets d’adaptation et d’atténuation que les pays en développement veulent mettre en place. Cet accord était l’objet de « l’Appel de Tanger » signé en septembre dernier par le roi Mohammed VI et le président français François Hollande, dans l’objectif de mobiliser 100 milliards de $ par an d’ici 2020 pour la lutte contre le réchauffement climatique depuis les pays en développement. Mais le principal défi pour le royaume chérifien sera moins la signature de l’accord que son opérationnalisation.
Le Maroc met particulièrement l’accent sur la question de l’énergie dans ses propositions après avoir lui-même coupé en fin d’année dernière tout soutien à l’exploitation et l’utilisation des énergies fossiles. Une autre volonté du pays est de diminuer sa consommation d’énergie de 15% d’ici 2030 et de produire 50% de son électricité grâce aux énergies renouvelables d’ici 2025, alors que le pays reste encore particulièrement tributaire des énergies fossiles. Ses efforts sont toutefois à la hauteur de ses ambitions : en témoigne la centrale solaire Noor à Ouarzazate, une des plus grandes au monde.
Un engagement environnemental ambitieux et significatif
Certes, le Maroc n’est pas en soi un très grand pollueur, mais son engagement a une portée tout à fait significative puisque le protocole de Kyoto ne contraint pas les pays en développements à s’engager formellement pour la réduction de leurs émissions polluantes. Pour Nicolas Hulot, l’engagement que le Maroc a formulé le 2 juin dernier envoie un signal important « au moment où on n’a pas reçu les contributions des pays émetteurs ». En tant que chef de file des pays africains sur les questions environnementales, le Maroc se doit de dénoncer les effets du changement climatique qui menacent grandement le continent à cause du défrichement des terres et de l’épuisement des ressources hydriques. Selon le classement des « performances des politiques climatiques » établi par la Climate Action Network, le Maroc se place 1er des pays en développement et 9e au niveau mondial.
Par ailleurs les retombées économiques et les effets de la couverture médiatique de la COP 22 sur le Maroc ne sont bien sûr pas à négliger : les organisateurs de la COP 21 comptaient par exemple sur 100 millions d’€ de retombées économiques en région parisienne. Par ailleurs, les acteurs privés se mobilisent sur les questions environnementales à l’image des grands groupes Centrale Laitière Danone et Suez, qui se sont associés pour la gestion des déchets de leurs usines de production, ou encore le groupe Lydec qui a publié son propre rapport sur les effets du changement climatique. On peut espérer que d’autres grands groupes suivent le rythme et cherchent à acquérir une image environnementale de marque en attendant la COP 22, des initiatives qui ne peuvent que participer à soigner l’image du pays.