L’Afrique, un marché qui regorge d’opportunités

Une classe moyenne plus optimiste, attachée aux marques et connectée est en train d’émerger en Afrique. En 2013, Deloitte estime qu’elle représentait 375 millions d’Africains, soit 34% de la population du continent. Et pourtant 60% de ces individus vivent avec 1,7 à 3,5€ par jour seulement ! Cette classe moyenne nourrit bien des convoitises pour les multinationales avides de conquérir un nouveau marché de consommateurs, mais encore faut-il bien la cerner.

Un marché de plus en plus attractif

La croissance de cette classe moyenne est largement tirée par les jeunes Africains : d’après Deloitte, d’ici 2030, le continent devrait compter 321 millions d’individus entre 15 et 24 ans. Et tous ces jeunes vont aspirer à plus de diversité en ce qui concerne les produits alimentaires, les produits de consommation et les loisirs qui leur sont proposés. Dans les pays où on constate la croissance la plus rapide tels que l’Egypte, le Maroc, le Nigeria ou encore le Cameroun, le jeunes sont plus optimistes que jamais quant à leur situation financière. Ces jeunes consommateurs seraient d’ailleurs plus sensibles à la qualité des produits qu’à leur coût malgré des revenus encore faibles pour la grande majorité d’entre eux.

L’urbanisation va également être un moteur du développement de cette classe moyenne. D’ailleurs, les zones urbaines africaines ont tendance à se développer au-delà des frontières nationales créant ainsi des marchés et des zones d’opportunités de taille considérable.

Le développement du continent pourrait être enrayé par certaines difficultés encore prégnantes : manque d’infrastructures, logistique peu fiable ou problèmes d’insécurité. Mais les besoins de consommation des Africains ont d’ors-et-déjà été pris en charge par la population : la croissance des technologies numériques mobiles a permis au continent africain de devenir le leader mondial du secteur de la vente en ligne.

 

Les controverses autour de l’émergence de la classe moyenne africaine

Un consensus général entoure le fait que l’Afrique serait devenue « la nouvelle Asie » et qu’elle aurait atteint l’âge de la consommation, ou en tout cas qu’elle le ferait très prochainement. On a rarement été aussi optimiste quant aux possibilités des investisseurs internationaux en Afrique. Et pourtant Nestlé a semé le doute en réduisant ses effectifs de 10% dans 21 des pays africains où le groupe est implanté sous couvert de la déclaration du directeur général Afrique équatoriale du groupe selon laquelle « la classe moyenne, dans la région, est extrêmement faible et ne croît pas vraiment ».

Il est vrai que même si on parle beaucoup des consommateurs africains, il est encore difficile de bien cerner leurs comportements, leurs goûts et leurs besoins. La Banque Africaine de Développement a établi que la majeure partie de la dite classe moyenne africaine ne vivrait qu’avec 2 à 4 $ par jour et formeraient ainsi une sorte de « floating class ». Or pour certains observateurs, cette floating class ne saurait être admise comme appartenant à une classe moyenne en ce que leurs comportements de consommation sont très restreints et que leur situation financière ne leur permet ni d’épargner, ni de financer de quelconques projets par le recours à l’emprunt bancaire.

Ipsos a réalisé une étude fondée non pas sur les ressources individuelles mais sur celles des ménages africains : l’institut français a ainsi dégagé deux groupes de ménages, entre ceux qui disposent de 12 à 25$ par jour et ceux qui en disposent de 25 à 50. Dès lors, la classe moyenne africaine ne serait plus établie à 34 mais à 13% de la population africaine, soit près de 143 millions de personnes. En tout cas, la Banque Mondiale confirme que la croissance économique du continent va soutenir l’essor de cette classe moyenne jusqu’à faire émerger une véritable société de consommation en Afrique.

Cela étant dit, quand bien les Africains ne forment pas encore de classe moyenne massive, le « bottom of the pyramid » peut tout à fait représenter une opportunité de développement pour les entreprises disposées à faire du business autrement. Cela suppose que les producteurs soient capables de vendre à faible coût des volumes importants afin de permettre aux populations encore lésées par la croissance de bénéficier d’un meilleur accès aux biens et aux services. De nombreuses études ont insisté sur le potentiel de consommation de la frange pauvre de la population en avançant notamment les exemples du marché mobile et d’Internet dont la croissance a été deux fois plus rapide en Afrique que dans le reste du monde.

Par ailleurs, cette classe moyenne n’est pas homogène sur l’ensemble du continent. Selon le pays on l’où se trouve, un même revenu ne donne pas accès au même panier de biens et les comportements des consommateurs ne sont pas non plus les mêmes. Effectivement, d’après Hélène Quénot-Suarez, « quelqu’un qui n’est pas sûr de la stabilité politique de son pays ne consomme pas de la même manière qu’une personne qui l’est. De même, un ménage qui n’a pas d’électricité tous les jours fait ses courses différemment de celui qui y a accès en permanence. Cela change les pratiques les plus basiques, comme la fréquence d’achat des produits frais ».

 

Une aubaine pour les entreprises francophones

La situation actuelle de l’Afrique témoigne du fait que le continent ne souffre pas d’une demande insuffisante mais plutôt d’une offre en berne. A ce titre, l’Afrique attire de plus en plus d’investisseurs, bien que ces derniers doivent s’adapter à un marché en pleine ébullition et qui a déjà ses propres codes.

Coca-Cola, Unilever ou Nestlé n’ont pas eu le succès escompté en s’implantant sur le continent, quelle leçon peut-on tirer ? Tout d’abord, toute est une question de dosage : les entreprises étrangères doivent prendre en compte des stratégies qui ont fait leur preuve sur de nouveaux marchés de consommation mais ne doivent pas négliger les particularités des marchés africains en proposant des modèles inédits. Rester fixés sur les caractéristiques des consommateurs indiens ou chinois n’est pas suffisant, il faut également s’inspirer des pratiques des producteurs locaux qui ont déjà cernés tous les tenants et aboutissants du marché où ils sont implantés. On peut retenir à ce titre le succès des entreprises télécom qui ont su adapter leur offre à l’Afrique notamment par le mobile banking.

Après avoir ouvert un centre commercial en décembre dernier, la Fnac devrait ouvrir son second magasin à Abidjan, en Côte d’Ivoire en février 2016. Le groupe français s’est pour cela appuyé sur le groupe local Prosuma (Société Ivoirienne de Promotion des Supermarchés). De nombreuses autres enseignes ont déjà jeté leur dévolu sur l’Afrique telles que Casino, Système U ou encore Carrefour, et d’autres sont encore amenées à le faire. Que ce soit dans le domaine de l’agro-alimentaire ou dans ceux des produits de luxe (L’Occitane) et du prêt-à-porter (Beaumanoir), les entreprises françaises ont saisi leurs avantages à s’implanter en Afrique et la tendance s’accélère. L’avantage dont dispose les investisseurs francophones est issu d’étroits liens historiques avec la région mais ils vont devoir faire attention à prendre position rapidement.

Internet dans le monde arabe, une solution à l’expansion de la jeunesse ?

Véritable accélérateur de développement, l’internet haut débit offre de nouvelles opportunités pour les jeunes du monde entier en permettant par exemple à des jeunes filles qui en sont privées d’accéder à l’éducation, à des minorités marginalisées de disposer d’un espace d’expression mais aussi à une économie de faire progresser la compétitivité et l’intégration internationale. Comment l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient ont-ils entamé le virage du numérique ?

 

La pression croissante de la jeunesse sur le monde arabe

Les pays arabes ont prouvé que croissance économique ne rimait pas forcément avec développement : les inégalités sociales étaient littéralement criantes il y a encore 5 ans. La question est toutefois encore loin d’être réglée, puisque l’OIT établit encore le taux de chômage des jeunes à respectivement 30,5 et 28,2% en Afrique du Nord et au Moyen-Orient en 2014.

Les possibilités de croissance à court terme, déjà affaiblies par la relative instabilité politique de la région, ne doivent pas être envisagées en-dehors de la capacité des pays arabes à créer suffisamment d’emplois, en particulier pour les travailleurs qualifiés. Les économies des pays arabes sont dominées par de petites entreprises (en grande majorité disposant de moins de 50 salariés) et par des activités agricoles. Ces constellations de PME, quand bien même elles regorgent d’un fort potentiel, ne se développent finalement quasi jamais assez pour entrainer des créations d’emplois. Or les secteurs qui offrent le plus de possibilités de développement sont l’agriculture, la construction et le tourisme – des secteurs en somme peu enclins à créer des emplois qualifiés et particulièrement sensibles aux aléas conjoncturels du climat, de l’économie mondiale et de la gouvernance politique.

La pression exercée par les jeunes sur le marché du travail régional est une réalité qui ne tend pas à s’estomper : la population active devrait passer de 125 à 167 millions de personnes d’ici 2030, soit une augmentation de plus d’un tiers en une quinzaine d’années. La question de l’emploi de cette masse salariale est bien sûr devenue la grande priorité des gouvernements, mais d’autres enjeux émergent de ce contexte d’accroissement démographique.

 

Développer la connectivité, une nécessité pour redynamiser la région

En effet la question de la connectivité se pose de plus en plus dans une région où les jeunes de 15 à 24 ans représentent environ 30% de la population. L’accès à l’internet haut débit devient une condition sine qua none à l’émergence d’initiatives entrepreneuriales locales pour toute économie qui se veut tournée vers l’avenir. Ce ne sont rien de moins que les médias sociaux, les plateformes de crowdsourcing, l’enseignement à distance ou encore les blogs éducatifs qui permettront aux jeunes de ces pays en mal d’opportunités d’emploi d’appréhender les défis auxquels ils font face, et de trouver eux-mêmes les solutions qui vont leur permettre de pouvoir faire émerger les nouveaux atouts de la région méditerranéenne.

Au-delà des seuls jeunes, ce sont les économies de la zone dans leur globalité qu’Internet va faire croître : non seulement le réseautage social est un pré requis pour les start-up et les jeunes entreprises en ce qu’il leur permet d’accroitre considérablement leurs débouchés, mais l’internet haut débit permet aussi aux entreprises locales d’atteindre des marchés plus vastes et pourquoi pas de se développer à l’international.

 

Profiter du potentiel propre au monde arabe pour développer les opportunités du numérique

Ce n’est pas par défaut de talents ou de ressources que le monde arabe fait état d’un des plus bas taux de pénétration du haut débit mais bien à cause du coût de l’accès aux technologies du numérique. La Banque Mondiale estime en effet que le coût d’un abonnement mensuel à l’internet haut débit reviendrait à plus de 26% du revenu de la moitié des Marocains !

Pour la Banque Mondiale, le désenclavement du marché de l’internet haut débit dans le monde arabe doit passer par l’émulsion de la concurrence, notamment en favorisant la compétition, et en démantelant les conglomérats qui se partagent avidement le marché actuel où ils ne favorisent ni la baisse des prix, ni l’amélioration de la qualité des services. Pour exemple, la libéralisation des marchés de l’internet en Europe de l’Est et en Asie sur le plan des infrastructures, des réseaux mais aussi des services et des contenus a permis de développer un potentiel jusque-là sous-estimé.

La CNUCED rejoint cette conclusion et soutient que le fossé entre le monde arabe et le reste du monde en termes d’accession à l’internet haut débit tient principalement à la structure du marché, de la compétition et de la gouvernance. Elle propose également de s’appuyer sur l’utilisation des câbles de fibres-optiques des services de transport et d’énergie pour renforcer la connectivité sur la zone.

Les bailleurs de fonds étrangers ne s’y sont pas trompés : le secteur des télécommunications est depuis ces dix dernières années la principale source d’attraction des IDE à destination du monde arabe. Il suffirait alors que les gouvernements mettent en place un cadre favorable pour que ces fonds soient alloués au développement du numérique afin de garantir l’essor rapide de l’internet haut débit.

Les défis sont encore conséquents d’ici à ce que le monde arabe devienne la nouvelle économie digitale de demain, mais le potentiel de la région est d’autant plus intéressant que les acteurs sociopolitiques locaux font pression pour qu’advienne ce changement.

3 raisons de développer son activité au Maroc

Recruter des talents et trouver des partenaires d’affaire dans le bassin méditerranéen nécessite une certaine connaissance des marchés locaux, de leur politique d’attractivité économique, de leurs rapports avec les investisseurs étrangers. Les options qui s’offrent aux entreprises en mal de développement à l’international en Méditerranée sont nombreuses et variées.Le Maroc s’illustre pour sa part par une politique économique attractive pour les investisseurs étrangers (développement des infrastructures, fiscalité attrayante, soutien aux créations d’entreprises).
 

1. Le Maroc, terre d’asile pour les investisseurs étrangers

Depuis les dernières années, le Maroc a mis en place une stratégie volontariste pour attirer les investisseurs étrangers. Celle-ci a plutôt bien marché : elle a fait du pays l’un des plus attractifs du monde arabe. Si on considère que les investisseurs étrangers ne sont souvent guère scrupuleux en termes de ressources humaines, le Maroc a privilégié la promotion de son développement technique et a fait miroiter aux investisseurs l’accès au marché intérieur marocain. Au niveau national, le Maroc a mis en place toute une batterie de programmes visant à encourager ses entreprises : agences de facilitation des investissements, aide à la création d’entreprise, centres régionaux d’investissement. Cela dit, ces agences privilégient plutôt les IDE que les investissements des nationaux.

La stratégie marocaine porte donc ses fruits : les investisseurs étrangers s’implantent de plus en plus dans le royaume et, au-delà de leurs secteurs de prédilection traditionnels (tourisme, textile, industrie), opèrent désormais dans des secteurs plus innovants (automobile, aéronautique et activités de sous-traitance mécaniques liées).

 

2. Les efforts considérables du royaume en termes de ressources humaines

Bien conscient que les investisseurs étrangers peuvent avoir des standards assez exigeants en termes de ressources humaines, le Maroc s’est aussi engagé depuis une dizaine d’années à travailler sur son développement humain et social. Le pays s’engage à différents niveaux : amélioration de sa formation initiale par la création de partenariats entre ses universités et de prestigieuses écoles étrangères, programmes de réduction des déficits sociaux en zones rurales, incitation à l’embauche par le biais de subventions et d’avantages fiscaux aux entreprises implantées sur le sol national.

 

3. La mise à l’agenda de réformes institutionnelles en faveur des investisseurs étrangers

L’Etat marocain est par ailleurs en train de faire évoluer ses institutions et de se mettre en retrait par rapport aux activités de production. Il se concentre désormais sur la régulation, la supervision et le contrôle d’un secteur privé en pleine expansion. Les flux d’IDE entrants s’expliquent surtout par les privatisations suite à un ambitieux programme lancé en 1990.

Le temps des réformes est donc venu pour l’administration qui devrait permettre l’accès à des prestations de meilleure qualité à moindre coût.

3 règles pour décrocher votre premier emploi !

Vous avez votre diplôme en poche, vous êtes bien reposé, des vacances bien méritées après des années d’études et de rendement. Maintenant vous êtes seul face à votre premier challenge : trouver votre premier emploi. Il n’est pas question de rater ce premier job, alors on s’organise !

 

Règle n°1 : Choisissez l’entreprise qui vous fera grandir

Comment choisir la société pour laquelle vous voulez postuler ? Si vous avez déjà réalisé un bilan de carrière, vous êtes en mesure de connaitre vos objectifs de carrière et votre projet professionnel.

Vous pouvez vous connecter sur les sites de recrutement pour connaitre les entreprises qui recrutent dans votre ville, partez à la chasse à l’information, il est important de postuler pour répondre à un besoin, les candidatures spontanées ne sont pas très probantes.

Ne regardez pas uniquement les salaires ou les intitulés du poste, favorisez l’entreprise qui vous permettra d’acquérir une formation solide et qui dans quelques années donnera de la valeur à votre CV, c’est votre future « carte de visite ». Choisissez l’entreprise qui propose la formation continue, favorise la promotion interne et qui jouit d’une solide renommée sur le marché : vous allez acquérir l’expérience et l’expertise et dans deux années ou trois vous aurez le choix du marché pour vous !

 

Règle n°2 : Soignez votre CV et votre lettre,

C’est votre image « couchée » sur papier. Le DRH ou le recruteur reçoit votre CV avant de vous recevoir, il doit être parfait et être VOUS.

Pour préparer un bon CV, il y a des règles d’or à suivre : D’abord choisir une forme simple et lisible. Prenez le temps de rédiger votre CV en plusieurs parties claires : Présentation, Projet professionnel, Études, Expériences professionnelles, Autres Compétences…

Evitez de mettre une photo sur votre CV, et si c’est demandé, choisissez une photo qui vous ressemble, tout en étant sobre, prenez des photos chez des professionnels que vous pourrez utiliser ensuite pour votre dossier de recrutement.

Pour la mise en page de votre CV, optez pour des couleurs neutres : Noir / Bleu / Gris, votre CV doit rester professionnel et donner envie de vous rencontrer.

Ensuite, suivez les mêmes règles pour votre lettre de motivation : professionnelle, sobre et succincte, évitez les formules de politesse lourdes et à répétition.

 

Règle n°3 : Soignez votre apparence et renseignez-vous sur le recruteur

Vous avez gagné le pari et vous avez décroché votre premier rendez-vous : allez sur le Net, et prenez le maximum d’informations sur l’entreprise, sur le recruteur et sur ses managers : Linkedin, Viadeo … Expériences, domaines d’expertises, Charte des valeurs…

Il faut absolument préparer votre entretien : La veille, reposez-vous et préparez vos affaires. Préférez des vêtements sobres : Chemise simple avec pantalon ou jupe droite. Évitez les accessoires trop imposants et les couleurs qui risquent de heurter la sensibilité de votre interlocuteur. Vous allez en entretien en vainqueur certes et vous devez surtout vous adapter, n’imposez pas votre style !

Enfin le jour J, restez vous-même et, la règle d’or : apprenez à avoir un discours positif et surtout à garder une grande ouverture d’esprit.

Vous êtes jeune lauréat et la vie est devant vous, montrez-le !

 

Hanane Oubibar,
Directeur de SEITON Consulting,
Consultante en management des ressources humaines
et coach professionnelle

Un coût du travail attractif au Maghreb

Le Maghreb représente aujourd’hui un espace de plus en plus attractif pour les entrepreneurs. La région réunit à elle seule 35% de la population globale du pourtour méditerranéen et dispose d’un vivier de main d’œuvre important, une ressource qui reste encore à exploiter car la population active représente seulement 33.5% de la population en moyenne.

S’étendant du Maroc à l’Egypte, l’Afrique du Nord est en pleine croissance : la croissance moyenne sur dix ans (2004-2014) du Maroc, de l’Algérie, de la Tunisie, de la Libye et de l’Egypte est respectivement de 4.25%, 3.2%, 3.26%, 3.65% et 4.37%, des chiffres qui attestent d’une dynamique nouvelle dans ces économies et d’un réel potentiel malgré les problèmes de sécurité qui touchent la région.

Plus spécifiquement, les pays du Maghreb possèdent un double avantage concurrentiel en matière de coût du travail. D’une part, leur attractivité reste étroitement liée au niveau des rémunérations pratiquées. Bien que tous ces pays aient instauré une rémunération minimale obligatoire, son montant n’est pas comparable aux normes en vigueur dans les pays européens. Lorsque le Maroc, l’Algérie, la Tunisie ou l’Egypte rémunèrent respectivement (en € brut courant de 2015) 237€, 164€, 126,50€ et 140€ un temps complet de 40H par mois au minimum, la France, l’Espagne ou la Grèce imposent un salaire minimum de 1458€, 753€ et 684€. En conséquence, le fossé entre les pays nord méditerranéens et sud méditerranéens s’accentue un peu plus lorsqu’on raisonne en termes de rémunérations moyennes : le salaire moyen de l’Italie, la France, l’Espagne et la Grèce est en moyenne 8,7 fois plus élevé que celui des pays du Maghreb.

D’autre part, l’attractivité de ces pays est due aux choix faits en matière de politique de cotisations sociales. Ces cinq pays ont misé sur un système de protection sociale qui protège efficacement les entrepreneurs et les salariés, mais qui ne leur impose pas une contribution trop importante. Ainsi, l’emploi d’un salarié au Maghreb est beaucoup plus avantageux pour un entrepreneur qui souhaite maximiser son avantage concurrentiel en termes de coût du travail.

La percée du FN inquiète les voisins de l’Hexagone

Depuis les années 1980, les politistes français s’échinent à chercher une explication au vote FN. A croire que c’était peine perdue puisque personne n’avait imaginé ces dernières années que ce petit parti d’extrême-droite ne puisse devenir le premier parti de France. Et pourtant la « feinte » des régionales de décembre 2015 n’a pas été à l’encontre de cette tendance et a démontré une percée fulgurante pour le parti de Marine Le Pen.

 

Une « fausse note au sein de l’harmonie républicaine »

La journaliste tunisienne Inès Oueslati s’inquiète d’un retournement inattendu : la banalisation du parti des Le Pen qui était jusque-là soigneusement écarté de la vie politique en ce qu’il passait « outre les valeurs d’une France colorée et éclairée ». Aujourd’hui, la classe dirigeante française ne peut plus composer sans le FN, cette « fausse note au sein de l’harmonie républicaine ».

La France a subi de plein fouet, comme ses voisins, les conséquences d’une mondialisation socio-économique débridée et d’une européanisation ultra-rapide. Les partis de gouvernement traditionnels, la droite et la gauche de la libéral-démocratie européenne, n’ont su apporté aucune réponse à la mollesse de la croissance et à la dégradation du marché du travail. La déferlante des migrants et la question de terroristes déjà infiltrés sur notre sol n’ont fait qu’accroitre l’inquiétude des Français quant à un avenir très incertain et ont nourri leur amertume vis-à-vis d’une classe dirigeante complètement perdue par les événements.

 

Le FN devient-il un « véritable choix politique alternatif » ?

Die Welt, le quotidien allemand, le fait que le FN n’ait pu obtenir aucune région le 13 décembre n’offre « qu’un cours répit pour la France et l’Europe, pas plus ». Le désespoir profond dont ont témoigné près de 7 millions de votants le 6 ne va pas disparaitre comme par enchantement et pourrait bien contaminer les présidentielles de 2017 s’il continue à se répandre à ce rythme-là. Pour Inès Oueslati, « le FN n’a pas changé, c’est la France qui n’est plus la même ».

The Guardian, les dernières élections ont montré que le vote FN n’était plus simplement contestataire mais relevait désormais d’un « véritable choix politique alternatif ». Effectivement, difficile de considérer qu’un vote reflète une intention contestataire quand il rassemble 28% des votants. Pour Le Devoir québécois, c’est bien une « fausse victoire des ‘’vieux partis’’ » qu’ils ne doivent qu’au système électoral français : le FN ne dispose finalement d’aucune région alors qu’il a prouvé son statut de premier parti de France.

 

Une Europe éclatée et désenchantée

Dans toute l’Europe, des petits partis montent dangereusement en optant pour des solutions nationalistes et anti-européennes plus ou moins véhémentes, que ce soit les conservateurs à l’image de Victor Orbán en Pologne, Jarosław Kaczyński en Pologne ou quelques rares représentants de l’extrême-gauche tels Alexis Tsípras en Grèce, Antόnio Costa au Portugal. Le problème est que ces tendances qu’on décèle dans l’ensemble des pays membres de l’UE font désormais trembler les piliers de la zone. Marine Le Pen n’a jamais caché son ambition de former une vaste coalition de mouvements ultra-conservateurs, proches de l’extrême-droite et marqués par l’euroscepticisme pour mettre à mal l’intégration européenne. Si elle devait l’emporter aux présidentielles de 2017 (ce qui est tout de même à relativiser au regard du revirement opéré au second tour des régionales le 13 décembre dernier), la France, un des deux principaux piliers de l’Union, viendrait mettre elle-même un brutal coup d’arrêt au projet européen.

Ile sole 24-ore milanais, la « comète Le Pen » préfigure des déstabilisations sans précédent au sein de l’UE, un repli sur les Etats nations et la perspective peu enviable d’une Allemagne condamnée à un exercice solitaire du pouvoir. Or le retour à une Europe sans Union serait préjudiciable pour les pays de la zone qui ne sont pas de taille à faire seuls face à la concurrence des grandes puissances mondiales. Qui plus est les problèmes actuels auxquels les pays occidentaux doivent faire face ne sauraient être résolus par les petites entités nationales européennes dans une cacophonie de voix aux intérêts multiples et désassemblés.

En Allemagne, les milieux d’affaire s’inquiètent également des logiques marxistes et nationales-socialistes au rabais revendiquées par le Front National. Si le parti devait parvenir au pouvoir, il représenterait aussi un « danger pour le système européen d’économie de marché » d’après le président de la Fédération allemande du commerce extérieur Anton Börner.

La grande question qui émerge pour beaucoup est de savoir quelle va être la réponse de la classe politique bien-pensante à l’ascension fulgurante du FN. Il ne s’agit plus de minimiser les inquiétudes légitimes des citoyens ni de condamner le vote extrême mais d’en tirer de véritables leçons.

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