L’ubérisation, un nouveau modèle disruptif qui divise

Pour l’observatoire de l’uberisation, ce phénomène équivaut à un changement rapide des rapports de force grâce au numérique. Ce serait « une lame de fond qui va petit à petit impacter tous les secteurs de l’économie traditionnelle ». Et en effet, l’uberisation est partout : dans le secteur des transports, de la musique, de l’hébergement mais aussi de la publicité ou encore de la santé. En reprenant les exemples présentés à l’université numérique du MEDEF qui a lieu en début mars, nous décortiquons les grands enjeux de ce phénomène.

 

Un nouveau modèle disruptif

Le concept fait peur aux entreprises qui voient se réduire comme peau de chagrin les domaines où leur intermédiaire était encore indispensable il y a 2 ans. En effet c’était Maurice Lévy, PDG de Publicis, qui utilisait ce terme le premier fin 2014 : « tout le monde commence à craindre de se faire ubériser ». Il témoignait ainsi de la peur des entreprises établies de voir leur secteur chamboulé par les nouveaux acteurs de l’économie numérique. Ce « tsunami numérique » a proprement bouleversé les circuits de distribution en court-circuitant les acteurs traditionnels.

Emblématique de cette nouvelle forme de révolution économique, la société californienne Uber a changé les codes du monde des transports. L’américain Transdev, qui prend en charge tous les types de mobilité du métro au vélo en passant par l’autopartage, le bus ou même le bateau, a lui-même été impacté par le phénomène Uber sur son offre de taxi. La société a pour ambition de s’intégrer aux nouvelles villes intelligentes en permettant aux citadins de coordonner leurs différents modes de transport.

Pour les entreprises déjà établies, il va falloir réagir, et réagir vite. Sanef, société française d’exploitation d’autoroutes, cherche à adopter un modèle en rupture en proposant des moyens de paiement simplifiés, unifiés et plus rapides aux péages « pour adapter les infrastructures et les équipements aux attentes et aux évolutions des comportements de [leurs] clients ».

Sur le marché européen des poids lourds, qui pèse 2 millions de véhicules, les enjeux sont conséquents. Or le fonctionnement actuel des bourses au fret est trop lourd, la vérification des disponibilités, des destinations et des prix est devenue inefficace car trop coûteuse en termes de temps et de ressources. C’est là que Chronotruck a décidé de venir mettre en relation transporteurs et expéditeurs afin d’éviter d’optimiser le temps et l’argent des entreprises de fret.

 

Plus d’attention à l’expérience des consommateurs

Les consommateurs de service sont de plus en plus attentifs à la qualité de la prestation et recherchent la meilleure expérience de consommation possible.

Dans le secteur de la restauration, la start-up parisienne Foodchéri surfe sur cette vague en proposant aux amateurs de cuisine de commander en ligne des petits plats de chefs à moindre coût. L’ambition du dirigeant, Patrick Asdaghi, est de fournir mille repas par semaine aux Parisiens pour moins de 10€. Il s’agit non pas de miser le succès de l’entreprise sur la communication mais de se focaliser sur la qualité du service rendu au client, c’est-à-dire l’investissement en cuisine et la couverture géographique. C’est le bouche à oreille qui va permettre à la start-up de se faire connaître et un indicateur sera particulièrement mesuré et suivi : le net promoteur score (NPS) qui mesure l’accumulation nette des recommandations du service.

Pour toutes ces entreprises qui se lancent dans l’aventure de l’uberisation, il s’agit de maitriser toutes les potentialités offertes par les domaines du digital, des nouvelles technologies et de l’innovation numérique. Les nouvelles sociétés emblématiques de l’uberisation misent sur le « tout numérique », en rupture avec le « tout salarial » qui caractérisait les marchés jusqu’à présent. Elles ont bien saisi le besoin d’indépendance des individus qui revendiquent une nouvelle forme de liberté dans leur façon de consommer et d’échanger des services. Pour ça, rien de plus cohérent que d’offrir aux consommateurs la possibilité de choisir des services à la carte, depuis leur domicile et en quelques clics.

L’écotourisme en plein boom au Maroc

Alors que le secteur du tourisme marocain est relativement morose, le tourisme éco-responsable apparait comme le seul créneau faisant preuve de suffisamment de dynamisme pour relancer ce secteur clé de l’économie marocaine. Coup de projecteur sur une tendance en pleine ascension cette année.

Relancer un secteur sombré dans la morosité

Entre 2011 et 2014, les recettes des voyages réalisés dans le royaume ont baissé de près de 3% alors même que le tourisme reste un des moteurs de l’économie nationale. La traditionnelle offre « station balnéaire » s’est progressivement retirée. « Excepté Mazagan Resort à El Jadida, les autres stations balnéaires du Plan Azur restent, soit inachevées (Plage Blanche, Taghazout), soit vertement critiquées (le cas de Saïdia dans le nord du Maroc). Conçues pour attirer les touristes en masse, ces stations gigantesques, îlots luxueux au milieu de nulle part, manquent d’interactions avec leur environnement et les populations locales. Les animations proposées s’avèrent insuffisantes », d’après un article de Christelle Marot dans Econostrum.

L’écotourisme est l’activité touristique qui contribue à la protection de l’environnement et apporte des retombées équitables aux populations locales leur permettant d’améliorer leur bien-être. Il induit une participation active des populations locales, un engagement concret des touristes et des opérateurs dans des actions de protection de la nature et de sensibilisation à la biodiversité et une recherche d’équité dans le partage des fruits de l’activité touristique. Dans ce cadre, des initiatives très intéressantes voient le jour en matière de tourisme rural avec mise en valeur des produits du terroir, création d’appellations d’origine, développement de coopératives agricoles artisanales, de productions biologiques (huile d’olive, huile d’argan…). On voit émerger au Maroc une véritable économie du tourisme durable avec des randonnées pédestres ou équestres, du parapente, du tourisme vert, la découverte de l’artisanat, des échanges avec les populations locales, des maisons d’hôtes, etc. Et ça fonctionne particulièrement bien sur les touristes européens, entre autres les Français.

Le problème est que ces touristes en recherche perpétuelle d’authenticité vont se tourner vers le tourisme de luxe. S’enfoncer dans les terres est relativement compliqué dans certaines zones enclavées du pays, sans compter que les activités sont restreintes dans des petites communes rurales qui manquent d’infrastructures pour proposer des hébergements adéquats.

 

Un plan de développement ambitieux

Le plan de développement du tourisme marocain s’incarne dans le programme « Vision 2020 » qui a pour ambition de hisser le Maroc au top 20 des premières destinations touristiques mondiales par la mise en valeur des territoires. Il s’agit concrètement de doubler les capacités du secteur : les arrivées de touristes, le tourisme domestique, les capacités d’hébergement, les emplois directs, les recettes du secteur et encore la part du tourisme dans le PIB. Le tout en jouant sur l’authenticité qui a fait la marque du tourisme marocain et sur la diversité des territoires offerte par le royaume.

La Fondation pour l’éducation et l’environnement a créé en 2002 le label écologique « clef verte » pour récompenser les hôtels, gîtes et autres types d’hébergement dont la démarche écologique fait preuve de dynamisme. Ce label soutenu par le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et l’Organisation mondiale du Tourisme (OMT), est aujourd’hui devenu emblématique du tourisme écologique et ce n’est pas moins de 57 établissements marocains qui ont été labellisé en 2012. L’impact a été non négligeable sur les touristes européens, particulièrement friands de ce genre d’initiatives en faveur de la protection de l’environnement.

 

Le tournant 2016

En ce moment, le Maroc est en pleine opération séduction à destination des touristes russes. Des journalistes russes ont été invités à visiter Marrakech et Agadir, deux destinations phares du tourisme marocain, mais aussi Rabat et Casablanca. Cette opération de communication prend corps dans une stratégie plus globale de promotion du secteur touristique du royaume chérifien auprès de nouveaux marchés porteurs. Les touristes français et espagnols notamment choisissent moins le Maroc ces dernières années en raison de la conjoncture économique, alors que l’émergence d’une classe moyenne russe offre de nouvelles opportunités aux acteurs du tourisme marocain.

Le mois dernier, le souverain marocain lançait à Dakhla un plan de développement de près de 30 milliards de dirhams pour favoriser l’emploi, la compétitivité et le développement socio-économique de les régions sahariennes de Dakhla-Oued Eddahab et Guelmime-Oued Noun. En plus de la mise en valeur du secteur de l’aquaculture, le projet vise la création d’un pôle éco-touristique et la protection des écosystèmes par la mise en valeur des potentiels naturels, culturels et écologiques de ces deux régions. Ainsi le nouveau modèle de développement des provinces sahariennes inauguré par Mohammed VI pour le 40e anniversaire de la Marche Verte prend corps notamment dans l’émulsion du secteur du tourisme responsable.

Le département marocain du Tourisme qui a initié, le 25 janvier dernier, la première Journée marocaine du tourisme durable. 2016 se pose comme un tournant, 10 ans après la création du Comité marocain du tourisme responsable qui a récompensé cette année le Parc national de Toukbal devenu « territoire durable ».

Pour soutenir les initiatives marocaines en termes de préservation de l’environnement, la Banque Mondiale a accordé au pays un nouveau prêt de 300 millions de dollars afin d’inhiber la transition du royaume vers la croissance verte. En-dehors de la préservation des ressources agricoles et halieutiques, qui font encore vivre beaucoup de Marocains, l’idée est d’associer emploi et environnement en permettant le développement de nouveaux secteurs tels que l’aquaculture, l’écotourisme ou encore le marché des énergies renouvelables.

La France agricole en crise

Samedi dernier, à l’occasion du Salon de l’Agriculture 2016, François Hollande était chahuté par des éleveurs fustigeant la libéralisation et appelant à prendre en compte la situation critique de leur secteur d’activité. Depuis toujours, le secteur agricole subit les caprices de la conjoncture économique, mais dans les années 1980 il est entré dans une profonde crise qui a dû mal à être enrayée par les innovations du secteur.

 

L’agriculture est entrée dans une crise structurelle

Il y a encore 100 ans, on comptait 10 fois plus d’agriculteurs en France. C’est la catégorie socioprofessionnelle qui est entrée le plus brutalement en situation de minorité, jusqu’à devenir minoritaires dans son propre espace, les campagnes. Face aux bouleversements que subi le secteur, les agriculteurs ont tenté tant bien que mal de s’adapter. Aujourd’hui, la majorité des jeunes entrants du secteur agricole font d’office le choix de la pluriactivité.

Jusque-là, les crises conjoncturelles avaient toujours secoué le secteur agricole, particulièrement soumis aux aléas de la conjoncture économique. Toutefois des politiques avaient été mises en place pour faire tampon (loi d’orientation poussant à l’agriculture familiale moderne et instauration d’un « prix de soutien » par la PAC dans les années 1960, instauration de « quotas laitiers » pour éviter la surproduction dans les années 1980…). Le secteur était encore habilement régulé et contrôlé. Mais sous l’impulsion de l’Europe, ces mécanismes d’intervention ont été progressivement balayés pour favoriser la libéralisation des marchés, notamment de produits agricoles. La PAC a supprimé son « prix de soutien » en 1992 et l’OMC a limité les aides au secteur 3 ans plus tard. Les aides à la production ont été remplacées par des aides découplées en 2006. Finalement, l’année dernière, les « quotas laitiers » ont été supprimés. Et rien (ou très peu) n’a été fait pour que les agriculteurs puissent s’adapter à la nouvelle concurrence qui sévit sur le secteur.

 

Des exploitants à l’agonie

Sous le coup de la crise, on voit les agriculteurs se scinder en plusieurs catégories : ceux qui ont su tirer profit de la conjoncture pour rentabiliser leur activité, et ceux qui ploient dangereusement sous le coup des contraintes. Dans le monde, on n’a jamais eu autant de très petites et de grandes exploitations (environ 30% pour les deux) tandis que les petites et moyennes exploitations, plutôt familiales, disparaissent progressivement du fait de leur impossibilité à s’auto-reproduire et trouver des repreneurs. Dépourvus de référentiels communs, les mondes agricoles sont aujourd’hui dans une situation particulièrement complexe où il devient de moins en moins aisé de proposer une politique publique qui serait susceptible de profiter à tous de manière équivalente.

Aujourd’hui, l’agriculture française survit grâce aux perfusions de l’Etat. Bien que la France soit le premier producteur agro-alimentaire de l’Europe, à hauteur de 18%, les agriculteurs s’inquiètent du fait qu’elle ait perdu sa voix et son ascendant à Bruxelles. François Hollande a annoncé lors de sa visite au Salon de l’Agriculture le 27 février dernier que la crise agricole avait changé d’échelle, ne touchant plus seulement la France mais l’Europe entière qui devrait désormais percevoir l’agonie des agriculteurs français.

Dans un rapport publié en décembre 2014, l’Observatoire national du suicide du ministère de la Santé établissait que les agriculteurs sont trois fois plus susceptibles de se suicider que les cadres en France. Jean-Pierre Fleury, président des bovins charolais, explique notamment la détresse des éleveurs français par des une baisse exorbitante des prix. Il manquerait en moyenne 250 euros par bête commercialisée pour que les éleveurs de bovins rentrent dans leur frais, et 40 à 50 centimes par litre de lait pour les éleveurs de vaches laitières.

Pour rétablir un certain contrôle sur les prix, les agriculteurs veulent démanteler la LME, loi de modernisation de l’économie adoptée en 2008 par Nicolas Sarkozy qui avait instauré la liberté de négociation des prix entre les centrales d’achat des grandes surfaces et leurs fournisseurs avec pour objectif d’augmenter le pouvoir d’achat des consommateurs grâce aux baisses de tarifs induites. En marge de cette loi, les agriculteurs dénoncent une « course aux prix toujours plus bas », d’autant plus que leurs coûts ont largement augmenté en raison de l’élévation des prix des céréales qui nourrissent leur bétail. Samedi, François Hollande a affirmé que la LME devait « être revue ».

 

A quand la fin de la crise ?

Pour François Purseigle, professeur de sociologie agricole et ingénieur agricole, la solution à la crise de l’agriculture française pourrait venir d’une approche pluridimensionnelle. Certaines exploitations ne pourront pas, quoi qu’il arrive, être sauvées sans les aides publiques, seulement grâce au développement de filières alternatives ou par une hypothétique reconversion. « Il va falloir trouver des solutions intermédiaires pour accompagner certains vers des systèmes agroalimentaires alternatifs et conforter d’autres agriculteurs dans des systèmes beaucoup plus conventionnels ». Une chose est sûre, il n’y a pas de recette magique aux crises qui sévissent dans les différentes filières agricoles.

Les agriculteurs sont en tout cas indispensables au bon fonctionnement de la société. Il faut avoir conscience que l’implantation d’un secteur agricole dans un pays ne va pas de soi mais équivaut à un coût et à des politiques visant justement à permettre le développement d’un tel secteur. Au niveau des territoires, ce sont les agriculteurs qui aménagent l’espace et entretiennent le paysage en garantissant d’en faire un espace animé plutôt qu’un amas de lands dépourvus de toute forme de vie. En plus de créer des emplois, les agriculteurs rendent de nombreux services immatériels à la collectivité qui ont un coût social justifiant les prix élevés qui peuvent être pratiqués.

​La France veut rattraper le terrain perdu au Maroc !

La France est toujours l’un des principaux partenaires commerciaux du Maroc et la coopération économique entre les deux pays est sans cesse renouvelée par nombre d’accords. Mais l’exceptionnalité des relations économiques du couple France-Maroc est-elle encore une réalité ?
Le Maroc est l’un de ces rares pays qui peuvent encore jouir des fruits de leur attractivité quand la crise économique s’éternise et que les temps s’assombrissent pour l’Afrique. En 2015, le royaume a attiré 3,6 milliards d’euros d’Investissements directs à l’étranger, principalement dans le domaine industriel avec l’automobile et l’aéronautique (PSA, Stelia, Figeac Aero et Delfingen). Avec une progression de près de 7% par rapport à 2014, le Maroc est venu se placer en 75e place du classement Doing Business 2016 de la Banque Mondiale et enregistre son plus bas déficit commercial depuis 10 ans.

 

La coopération franco-marocaine sans cesse renouvelée

Traditionnellement, la France, l’Arabie Saoudite et l’Espagne sont les principaux pourvoyeurs d’IDE au Maroc. Dans les faits, la France représentait encore 21% des flux d’IDE perçus par le Maroc en 2014, loin devant l’Arabie Saoudite et ses 12,8% et l’Espagne avec 4,3%.

Où en est le fameux couple France-Maroc dans tout ça ? Pour le journal marocain Lakome, c’est « grâce à une indépendance “négociée” et à la qualité des réseaux tissés depuis avec le Palais et la bourgeoisie marocaine, [que] la France est restée jusqu’à aujourd’hui un acteur majeur de l’économie du royaume ». Lakome notait qu’en 2012, la plupart des entreprises du CAC40 étaient présentes sur le territoire marocain et profitaient de larges marges de bénéfices, lesquelles étaient d’ailleurs plus souvent rapatriés en France que réinvestis dans le royaume. « Le chiffre d’affaires des 20 premières sociétés marocaines à capitaux français représent[ait] plus de 10% du PIB du royaume ! ».

En mai 2015, la 12e réunion de haut niveau France-Maroc permettait la signature d’une quinzaine d’accords favorisant principalement les affaires entre les deux pays. Le Maroc a d’emblée mis en avant ses priorités économiques et les discussions se sont donc concentrées sur la co-localisation, la ré-industrialisation des deux pays et la conquête des marchés africains. 25 millions d’euros ont été alloués aux PME marocaines pour leur permettre de financer des achats de biens et services français, la France a signé une convention-prêt de 10 millions pour la création au Maroc d’Instituts de formation professionnelle aux métiers des énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique (IFMEREE), sans compter tous les prêts accordés par l’Agence française de développement aux entreprises implantées dans les deux pays.

 

Un climat difficile pour la France ?

Mais si les relations économiques du couple France-Maroc semblent toujours au beau fixe, il faut bien noter qu’elles ont subi de grands bouleversements depuis les années 1990. D’une part, l’économie marocaine s’est ouverte progressivement il y a maintenant une vingtaine d’années et a découvert la concurrence internationale. Craignant l’arrivée sur le marché marocain de banques concurrentes dites islamiques et les retombées de la crise économique, la France s’est rapidement retrouvée acculée par la faiblesse à l’export de ses PME et, en 2012, l’Espagne lui a soufflé la place de premier fournisseur du royaume.

D’autre part, de grands groupes français qui avaient bénéficié d’opportunités ont dû céder un peu de leurs avantages. Par exemple, Auchan a été contraint par la justice marocaine d’augmenter le nombre d’administrateurs marocains dans ses filiales, remettant en cause l’accord que le groupe français avait signé avec l’ONA1. Entre 2005 et 2007, Axa, Veolia et Danone ont également pâti d’un revirement de stratégie du Palais dans le domaine économique. En 2010, le pouvoir a fait fusionner l’ONA et la SNI, après quoi Lafarge, Axa et Danone ont dû engager de nouveaux fonds pour être intégrés dans le nouvel ensemble. En 2013, c’était Veolia qui se désengageait du Maroc au moment où Vivendi cédait 53% des parts de Maroc Telecom à l’émirati Etisalat.

Au regard de ces changements, les relations franco-marocaines ont été contraintes d’évoluer. La France joue désormais la carte du win-win : il s’agit pour elle de promouvoir les investissements dans des secteurs où les entreprises françaises sont réellement compétitives. Les rencontres de haut niveau entre les deux pays de ces dernières années ont ainsi mis l’accent sur des secteurs comme le transport, l’énergie, l’automobile, l’aéronautique ou encore l’agro-alimentaire après avoir bien pris soin de décortiquer toutes les opportunités de coopération.

Les 10 et 11 mars, la Délégation MEDEF International au Maroc aura pour objectif de se pencher sur la tendance de long cours à la fragilisation des parts de marché françaises au Maroc. Le constat que le royaume commence à diversifier ses partenaires commerciaux commence à inquiéter les entreprises françaises alors même que leurs achats depuis le Maroc ont nettement progressé. Ce sera l’occasion pour les communautés d’affaire françaises et marocaines d’échanger sur l’attractivité des différents secteurs dans les deux pays, de l’état de la formation mais aussi des opportunités du secteur numérique.

Une nouvelle jeunesse pour les Ressources humaines

Le secteur des RH est en plein bouleversement ! Les nouvelles techniques mais aussi les nouveaux entrants sur le marché du travail renversent les cadres de la profession. Le secteur RH va devoir intégrer la digitalisation comme source d’opportunités pour assurer son développement voire sa pérennité, de même que son modèle de recrutement va devoir être rapidement adapté aux attentes de la chaotique génération Z.

Prendre le tournant de la digitalisation

Pour les professionnels des RH, la digitalisation de leur profession est fortement susceptible d’avoir pour effet d’améliorer leur rôle au sein de l’entreprise. Pourtant celle-ci est encore loin d’être généralisée et les acteurs se montrent relativement réticents à l’engager. Telles sont les conclusions tirées par l’étude d’Unow « RH et transformation digitale » relayée par le Journal du net.

Deux freins principaux viennent entraver la digitalisation du secteur. Tout d’abord, les acteurs du secteur font preuve d’une certaine angoisse quant à la transformation de leur profession : 75% des interrogés reconnaissent méconnaitre encore largement toutes les propriétés du digital. Pour le directeur d’Unow, le second obstacle est organisationnel : « Les entreprises actuelles fonctionnent la plupart avec une hiérarchie pyramidale et une organisation en silo », or les entreprises innovantes d’aujourd’hui fonctionnent de manière éclatée et transversale.

Notons toutefois que les professionnels des RH sont très optimistes quant aux effets de la digitalisation à venir, perçue comme « une véritable opportunité, tant pour leur organisation que pour leur métier ». Les DRH sont bien conscients des enjeux qu’induisent le Big Data, les données comportementales ou encore les données issues des réseaux sociaux. De même, les nouveaux outils qui sont entrés en force dans l’organisation et le fonctionnement quotidien des entreprises doivent impérativement être saisis par les RH. On peut penser ici aux réseaux sociaux d’entreprise, aux vidéoconférences ou encore à la connexion à distance aux terminaux de recrutement. Aussi, l’automatisation des fonctions RH est un enjeu clé de l’évolution du secteur : il s’agit là d’informatiser les processus RH les plus administratifs pour permettre aux professionnels de déployer leur énergie et leurs ressources ailleurs.

 

Les moins de 20 ans vont bientôt semer le chaos dans les entreprises

Les premiers agents de la fameuse « génération Z », nés en 1995, arrivent sur le marché du travail, et ils représentent un enjeu de recrutement majeur pour les entreprises – qui vont devoir se montrer conciliantes. En France, ils sont quelques 16 millions et pour Eric Delcroix, conseiller en entreprise, ils vont dynamiter la hiérarchie pyramidale ! En effet, ils détestent les ordres : « ce sont des freelances nés ». Ce qui fonctionne avec eux, c’est le challenge permanent : il faut sans cesse les lancer sur de nouveaux objectifs, de nouvelles missions – et surtout profiter de leur capacité à travailler de manière autonome. Chez Google, on va plus loin dans l’émancipation de ces nouvelles recrues : un à deux jours par semaine, elles peuvent bénéficier des infrastructures et des relations de l’entreprise pour monter et développer leur propre projet. Le géant informatique se dote ainsi d’un véritable incubateur en interne, le meilleur moyen de fidéliser cette génération réputée sans attaches.

Les Z se caractérisent par une perspective internationale voire globale et c’est tout naturellement que plus des deux tiers envisagent de travailler à l’étranger d’après l’enquête « La Grande invazion » portée par BNP Paribas et The Boson Project. Du coup, les entreprises vont devoir prendre en compte l’attraction que représente un poste qui nécessite de voyager et les grands groupes vont devoir mettre l’accent dans leur communication sur les perspectives professionnelles à l’international.

Autre enjeu majeur de l’intégration de cette génération au monde du travail : l’adaptabilité des emplois du temps. Ces jeunes hyper connectés bousculent les frontières entre heures de travail et temps privé, ils se connectent depuis leurs smartphones pour suivre les évolutions de l’entreprise en temps réel. Eric Delcroix explique : « Nés avec le web 2.0, ils sont habitués à une grande réactivité et ne connaissent pas le formalisme des rapports hiérarchiques : s’adresser directement au patron de la société ne leur pose aucun problème ».

Pourquoi une telle réactivité ? Les Z ont besoin d’être constamment rassurés et encouragés, ils veulent du feedbacket avalent les critiques sans trop de difficultés. Pour Nicolas Sadirac, directeur général de l’Ecole 42, « ils ont un rapport décomplexé à l’erreur », contrairement à leurs aînés. Ils préfèrent reconnaitre leur manque de connaissance dans un domaine plutôt que d’être pris en flagrant délit d’incompétence.

Très sensibles à la transparence, les Z sont particulièrement attachés à l’e-réputation des entreprises qui leur permet d’évaluer ambiance et conditions de travail par le biais des voix des employés-mêmes. Le salaire n’est plus la principale motivation à l’embauche, il s’agit désormais de proposer un cadre de travail (et donc de vie) attractif, innovant, changeant et séduisant. Les entreprises qui adoptent des politiques RSE ont tout compris. Les Z attendent de l’entreprise qu’elle s’implique et s’engage pour le monde de demain, et cela en toute sincérité.

 

Recruter la génération Z

Les recruteurs actuels ont changé de perspective vis-à-vis de leur profession, et c’est tant mieux ! Professionnel des réseaux sociaux, le recruteur moderne est hyper connecté, multifonction, très accessible. Il est à la fois chasseur et ambassadeur et va chercher les candidats – qu’ils soient actifs ou passifs – là où ils se trouvent, c’est-à-dire sur Linkedin, Viadeo, Facebook ou Twitter. Tant mieux parce que les Z qui débarquent sur le marché de l’emploi n’ont aucune intention de déposer leur CV et lettres de candidature sur un Internet déshumanisé. D’après François Geuze, maitre de conférences en ressources humaines à l’université de Lille, les jeunes recherchent un « recrutement agile, mobile et digital » inclus dans des interactions humaines.

Ces « digital natives » accordent une importance considérable à leur réseau, devant leur diplôme ou même les compétences inscrites sur leur CV. A ce titre, considérer la cooptation comme moyen de recrutement n’est pas insensé. Mais cela va nécessiter un rapport complètement différent des entreprises au turnover : et si le départ d’un salarié n’était plus considéré comme un échec mais comme un moyen d’étendre le réseau de l’entreprise ?

Aujourd’hui, les entreprises sont encore en position ascendante et se contentent d’amasser un maximum de CV par des procédés véritablement industrialisés. Demain, elles devront abandonner ce modèle et devenir des acteurs proactifs du recrutement en cherchant à susciter l’intérêt des candidats. Dans les PME, qui ont déjà un fonctionnement transversal et à taille humaine, les difficultés induites par ce changement de paradigme devraient être surmontées assez facilement. Mais ce sera plus compliqué pour les grandes entreprises fondées sur une organisation en silo ou encore pour les sites de recrutement en ligne qui se contentent d’analyser les mots clé des CV et ne prennent pas encore en compte l’inversion du modèle en train d’opérer.

La génération Y qui avait pris de plein fouet l’explosion du chômage des cadres, la crise de 2008, la généralisation des CDD ou encore la rareté du CDI. Mais d’après Didier Pitelet, directeur de l’agence de communication Onthemoon, contrairement à leurs prédécesseurs, les Z « savent qu’ils risquent de connaître la crise et la précarité. Cette génération a acquis le fait qu’elle devra changer plusieurs fois de carrière dans sa vie. Pour eux, c’est un fait. La mobilité est désormais choisie et non plus subie ».

En cela, ils développent des solutions parallèles : la génération Z est plus entrepreneuriale et plus indépendante. D’après « La Grande invazion », ce ne sont pas moins de 47% des Z qui souhaitent créer leur propre entreprise ! Cette génération d’entrepreneurs a du mal à coller aux modèles actuels de l’entreprise. D’ailleurs, ces jeunes ne veulent pas choisir leur métier par raison mais par passion, préférant ainsi la liberté d’action au confort du salariat. A ce compte-là, demain ce ne sont pas des talents mais des compétences liées à un projet que les entreprises vont recruter !

Le Maroc fait le choix du renouvelable

En décembre dernier, le Maroc s’était illustré à la COP 21 parisienne par ses objectifs ambitieux et son rôle de chef de file africain en termes d’énergies renouvelables. La semaine dernière, le roi a annoncé le début de l’exploitation de Noor 1, première phase de la centrale solaire de Noor située à Ouarzazate. Celle-ci devrait faire la taille de Rabat et pouvoir produire de l’électricité pour 1,1 million de personnes d’ici deux ans, quand Noor 2 et Noor 3 seront en phase d’exploitation.

Un potentiel considérable

Le Maroc est un pays extrêmement favorable à l’implantation des énergies renouvelables. Tout d’abord le solaire, puisque le soleil illumine le pays à hauteur de 300 jours par an. Ensuite l’éolien avec des vents d’en moyenne 9 mètres par seconde et de 40 mètres de hauteur, voire plus en ce qui concerne les zones littorales. Aussi, l’hydroélectrique grâce à ses importantes ressources en eau ou bien la biomasse avec ses 9 millions d’hectares de forêts.

De même, le royaume a instauré un environnement politique et institutionnel en adéquation avec le secteur des énergies renouvelables. Le pays s’est lancé pour ambition de voir son mix énergétique se tourner vers ces dernières de manière à atteindre 42% du parc énergétique à la faveur de sa politique « énergies propres ». Pour Massolia, communauté en ligne dédiée à l’énergie verte et à l’environnement au Maroc et en Afrique, « Le réseau multi-sites de centrales solaires multi-technologies Noor, devra produire une capacité minimum de 2000 MW d’ici 2020. L’ambition rehaussée du Maroc porte la part des énergies renouvelables à 52 % de la puissance installée à horizon 2030, positionnant le Royaume à l’avant-garde de la lutte contre le changement climatique ».

 

Une législation en faveur des énergies renouvelables

Pour cela, le gouvernement a mis en place des législations qui favorisent les énergies renouvelables ainsi que des institutions qui les gèrent et les recensent. Le gouvernement met également à disposition des investisseurs et opérateurs des outils qui facilitent leur intégration industrielle (capital humain, infrastructures et incitations).

La loi 13-09 instaurée début 2010 a permis au Maroc de libéraliser la production et la commercialisation des renouvelables vers les industriels. Elle induit une répartition des rôles entre les opérateurs, chargés de l’implantation des éoliennes et de la prospection des clients, et l’Office Nationale d’Electricité et d’Eau potable, qui gère l’acheminement de l’électricité.

Pour les projets non industriels, c’est la procédure classique de l’appel d’offre qui prévaut comme ça a été le cas pour le parc éolien de Tarfaya (voir ci-dessous). Ici, l’ONEE rachète l’électricité produite à un prix défini à moyen terme (environ 20 ans) : dans ce cas, on répartit les risques entre l’opérateur qui gère les coûts induits par la maintenance et la variabilité des conditions climatiques et l’ONEE qui assume les coûts financiers.

 

Solaire et éolien prévalent

Le solaire est la source d’énergie renouvelable la plus importante au Maroc et représente un potentiel considérable pour les régions reculées mal approvisionnées et mal desservies en capacité de production électrique. Le projet marocain de l’énergie solaire a été lancé en 2009 sur cinq sites pour permettre une capacité de production de 2000 mégawatts d’ici 2020, ce qui devrait permettre au pays d’économiser à terme 1 million de tonnes de combustibles équivalent pétrole soit 500 à 700 millions de $ par an.

D’autres projets ont été mis au point grâce au solaire, notamment avec l’instauration de subventions aux petits et moyens agriculteurs pour qu’ils puissent s’équiper de pompes à eau fonctionnant à l’électricité produite par les panneaux solaires afin d’économiser à la fois l’eau et l’énergie.

L’éolien est également largement mis à contribution par le gouvernement marocain. Le plus grand parc éolien d’Afrique a été construit par Nareva et le français Engie (anciennement GDF-Suez) à Tarfaya, dans le sud du pays. Les plus grandes éoliennes jamais construites par le danois Siemens s’élèvent aujourd’hui en plein désert et sont capables de fournir l’électricité de toute une ville d’1,5 million d’habitants. Le parc éolien s’étend sur 17 kms de long et 6 kms de large. L’exploitation a démarré début 2015 et une cinquantaine des 700 techniciens et ingénieurs marocains employés pendant la construction du parc y travaille toujours.

Il y aurait actuellement plus de 1 000 MW de capacité éolienne installée sur l’ensemble du royaume d’après Abdellatif El Ghali, directeur de l’exploitation de Tarfaya, et le Maroc voudrait doubler celle-ci d’ici 2020. Le gouvernement travaille d’ailleurs sur l’installation de cinq fermes éoliennes d’une capacité cumulée de 850 MW à Tanger, Tiskrad, Boujdour, Essaouira et Taza.

Au Maroc, les conditions d’implantation d’éoliennes sont idéales : le vent permettrait de les faire tourner 45% du temps contre seulement 20% en France ! Qui plus est, les démarches administratives sont bien moins contraignantes et les recours des riverains sont bien plus rares. En effet, les éoliennes sont installées sur de grandes surfaces vierges isolées et que les villages alentour profitent des nouvelles routes qui viennent désenclaver les sites.

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